Schiste et camisards

Dans le numéro de janvier 2001 de la revue "Pour la Science" (édition française de "Scientific American"), M. Maurice Mattauer, professeur émérite de géologie à l'Université de Montpellier II, nous présente un article sympathique sur la formation géologique des Cévennes schisteuses, et sur les liens entre géologie et religion, à travers l'observation d'un tableau exposé au Musée du Désert, Les héros de la liberté de conscience, de Michel Leenhart. Pour Maurice Mattauer, le peintre, qui a peint une assemblée du Désert tenue à l'entrée d'une grotte ou d'un "abri sous roche", contrairement à ce que font souvent ses confrères, n'a pas "inventé" les détails géologiques, mais les a plutôt "observés quelque part dans les Cévennes". Et la rédaction d'offrir un abonnement d'un an à Pour la science aux lecteurs qui enverront une photo du site où a été peint le tableau.

Nous ne savons pas si l'appel a été entendu et l'emplacement de l'assemblée trouvé, mais nous nous permettons de faire deux remarques d'ordre historique sur cet article.

D'abord cet article nous parait être un bon exemple de la "camisardisation" de l'histoire cévenole : l'assemblée peinte par Leenhart nous semble être une assemblée typiquement de l'époque du Désert post camisard, avec son pasteur en rabat et chapeau, et son assistance de sages villageois et de nobliaux en perruques. Le "camisard au chapeau" indiqué par l'auteur, nous parait bien inoffensif !

Ensuite, ce n'est pas parce qu'un dicton régional affirme que "le schiste est protestant, le calcaire est catholique", que cela correspond à une réalité. D'abord les protestants (et les camisards) sont loin d'occuper seulement la montagne schisteuse, mais sont répartis également sur une partie non négligeable de la plaine calcaire gardoise : le mont Bouquet par exemple, bien calcaire, a toujours été un bastion protestant, et l'un des sanctuaires du camisard Jean Cavalier. Par ailleurs, il y a, en pleines Cévennes schisteuses, des secteurs parfaitement catholiques comme la région qui s'étend de St-Florent-sur-Auzonnet à Ste-Cécile d'Andorge ! Ne faisons donc pas preuve d'un déterminisme excessif. Que ces remarques n'empêchent pas les visiteurs de notre site de lire cet article fort intéressant en ce qui concerne la formation géologique des Cévennes, et de gagner un abonnement à Pour la Science s'il en est encore temps !

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