Eglise de Saint-Paul-La-Coste

8 septembre 1702

Verbal contenant exposition et vérification sur les sacrilèges, vols et dommages faits à l'église et maison claustrale de la paroisse de St Paul Lacoste (AD 34 C182 f° 260-264)

 

L'an mil sept cent deux et du vendredi huitième jour du mois de septembre dans la ville d'Alais maison et par devant nous Jean de Bertrand sieur de la Bruguière, docteur es droits, juge général de la ville et Comté d'Alais, commissaire délégué par Monseigneur le Comte de Basville Conseiller d'Etat ordinaire, Intendant du Languedoc, heure de deux après midi,

Ont comparu Mrs Charles Carnot prêtre et curé de St Hilaire de Brethmas, promoteur au diocèse d'Alais, et Pierre Descamps prieur de St Paul Lacoste audit diocèse, lequel sieur Descamps la main mise sur sa poitrine a promis de dire vérité, nous a dit qu'ayant été averti depuis deux jours que plusieurs scélérats Nouveaux convertis des Cévennes avaient passé armés dans sa paroisse en plein jour, en diverses bandes, et avaient pris le chemin du bois de Malebouisse en ladite paroisse, et qu'ils devaient la nuit suivante aller surprendre et égorger le Sr Castagnier capitaine de bourgeoisie et ses soldats aux lieux de Générargues et St Sébastien tout près ledit bois où il est avec sa compagnie par ordre de Monseigneur le comte de Broglio, et qu'ils devaient ensuite venir à l'église et maison claustrale dudit St Paul, ledit sieur prieur envoya Pierre Chardon ancien catholique de sa dite paroisse, rentier de nous dit de la Bruguière, à Monsieur d'Aiguines gouverneur de la présente ville et fort d'Alais, pour l'en avertir, environ le soleil couchant, lequel ayant trouvé ledit sieur gouverneur dans la maison de monsieur le marquis de la Fare où il y soupait, il lui donna avis de tout ce dessus, et le pria de donner les ordres nécessaires pour éviter que lesdits scélérats ne pussent rien entreprendre sur la vie dudit sieur Castagnier et ses soldats, ni contre son église, maison claustrale et sa personne, lequel Chardon lui ayant rapporté qu'il avait donné ledit avis audit sieur gouverneur et se fiant à sa vigilance, il aurait laissé tous ses vases sacrés et ornements dans son église, où il les tenait depuis longtemps, de même que tous ses meubles dans sa maison sans les déplacer, les croyant en sureté par l'avis qu'il en avait fait donner audit sieur gouverneur, mais ayant vu le jour d'hui jeudi environ une heure de nuit qu'il ne venait aucune troupe pour empêcher les susdites menaces, l'exposant aurait été obligé de se retirer de sa dite maison et d'aller hors de sa paroisse pour y être en sûreté dans la maison du martinet d'Olympie, ayant entendu quelque bruit du côté dudit bois de Malabouisse, et ce jourd'hui bon matin étant retourné dans sa maison et église pour y dire la sainte messe, étant la fête de la Nativité et la Ste Vierge, y étant arrivé avec son clerc qui l'avait suivi, il avait trouvé le grand portail et une petite porte qui ferme la basse cour de l'église et de sa maison brisée, comme aussi une petite porte qui entre dans un petit vestibule qui joint ladite église, et qui fait partie de la maison, dans lequel vestibule il y a une petite porte par laquelle on entre de ladite maison à l'église brisée aussi, et étant entré dans son église, il y a trouvé les fonts baptismaux en pièces, la cuvette ou l'on tient les eaux baptismales par terre, le devant d'autel et cadre brisé, le grand tableau à terre coupé à coups de haches, le tabernacle en partie doré brisé en diverses pièces et jeté par terre, et qu'on avait emporté le ciboire, soleil et boite à porter le Saint Sacrement aux malades qui étaient d'argent, la chaire à prêcher rompue et le confessionnal aussi bien que le bénitier, les chaises qui étaient dans l'église rompues et l'armoire où l'on tient les cremières enfoncée et rompue et les cremières qui étaient dedans emportées, et de là étant entré dans la sacristie il y avait trouvé le garde robe bois noyer enfoncée, les chasubles et aubes à terre, et qu'on avait enlevé et emporté le calice d'argent qui était dedans, deux nappes fines servant à l'autel, six corporaux baptiste d'Hollande, six purificatoires, trois .... , un voile taffetas vert, un serpilière, ayant vu à terre la croix processionnelle faussée, et étant sorti de ladite église et entré dans ladite maison claustrale, il avait trouvé toutes les portes, trois coffres et un grand garde robe enfoncées, on lui a pris quantité de ...., nappes, et serviettes, environ quatre douzaines de chemises, sa vaisselle d'étain et cornuaille ouvré, y en ayant environ un quintal, dix cannes serge filoselle et laine, enfoncé le coffre de sa nièce et emporté tout son linge, cinq fusils (en marge : quatre desquels appartiennent audit Pierre Chardon), une livre de poudre et une livre de petits carrés de plomb, sept louis d'or neufs, cinq écus neufs, huit livres monnaie, et dix écus vieux, la plupart de ses livres brûlés avec les actes et papiers de l'église, aussi bien que les papiers qui lui servaient en son particulier, et toutes les ordonnances moulées, enfoncé la porte de son grenier à blé, rompu toute sa vaisselle de terre et bouteilles de terre qu'il avait, et emporté un garniment de lit de serge tout neuf, et y étant descendu à sa cave il a trouvé la porte enfoncée, qu'on lui avait percé un tonneau de vin qu'il y avait et qu'ils en avaient bu une grande partie, emportèrent ou y mangèrent quatre grosses miches de pain et environ quinze livres petits fromages lavés, et en se retirant ils abbattirent une grande croix de mission qui était à trente pas du grand portail de ladite église et maison sur le chemin royal qu'ils ont jeté dans un champ, et comme c'est un sacrilège inoui qui mérite la plus sévère de toutes les punitions, ledit sieur Carnot promoteur prenant le fait et cause dudit sieur Descamps prieur par l'ordre qu'il en a reçu du clergé du diocèse, il nous requiert de lui vouloir octroyer acte de l'exposition à nous faite par ledit sieur Descamps et de nous vouloir transporter audit lieu de St Paul église et maison claustrale dudit lieu pour vérifier les susdits désordres et enlèvements sacrilèges et ensuite dresser verbal sur ce qu'il nous en apparaitra, et ont signés

Descans r, Carnot promoteur, La Bruguière cons.

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8 septembre 1702. Verbal contenant exposition et vérification sur les sacrilèges, vols et dommages faits à léglise et maison claustrale de la paroisse de St Paul la Coste

Nousdit commissaire conformément à notre précédent appointement avons offert nous transporter tout présentement à l'église et maison claustrale dudit St Paul pour faire la vérification requise

Et étant partis en même temps avec lesdits sieur Carnot promoteur et Descamps prieur pour aller à ladite église et maison claustrale dudit St Paul accompagné de notre greffier [dans la marge : et de Pierre Drulhon et Jean Arbousse du lieu de Malataverne, parr. de Cendras], et être arrivés à une petite terre qui joint le grand portail de la basse cour de ladite église et maison, nous y avons trouvé une grande croix de mission peinte en rouge par terre brisée en deux endroits, et de ladite terre étant allés au grand portail de ladite basse cour, avons trouvé la porte qui ferme la basse cour de l'église et maison brisée, et une autre porte qui entre dans un vestibule qui joint ladite église, la fermeture et ladite porte ayant aussi été brisée, et étant entrés dans ladite église y avons trouvé les fonts baptismaux renversés et brisés, avec la cuvette où l'on tient les eaux baptismales à terre, le devant de l'autel et cadre brisé, le grand tableau étant à terre, et reconnu avoir été coupés avec des instruments tranchants, le tabernacle en partie doré brisé en diverses pièces étant à terre, la chaire étant à l'église servant à prêcher rompue, comme aussi le confessionnal et le bénitier, avec quelques chaises qui étaient dans ladite église dans laquelle nous n'y avons pas trouvé le ciboire, soleil et boite servant à porter le saint sacrement aux malades à la campagne, ayant trouvé l'armoire où l'on avait les crèmières enfoncée et rompue, ne les ayant pas trouvées dans ladite armoire ni dans ladite église.

Et étant ensuite entrés dans la sacristie de ladite église, y avons trouvé un garde robe bois noyer enfoncé, les chasubles et aubes étant à terre et n'y avons pas trouvé le calice où ledit sr prieur a dit tenir d'ordinaire dans ledit armoire, n'y ayant aussi trouvé aucune nappe servant à l'autel, corporaux, purificatoires, ... voiles ni surplis, et trouvé à terre la croix qu'on se sert pour faire les processions toute faussée,

Et de là serions entrés dans la maison d'habitation dudit sieur prieur joignant ladite église, et trouvé toutes les portes enfoncées, quatre coffres et un garde robe aussi enfoncés, sans y avoir trouvé aucun linge, ni vaisselle d'estaing et cornuaille, ni les dix cannes serge filoselle que le dit sieur prieur nous a dit luy avoir été emporté, poudre ni plomb ni aussi aucun fusil, n'y ayant aussi été trouvé aucun or ni argent, ni aucun papiers, ayant aussi vérifié avoir été enfoncée la porte de son grenier a blé et n'avoir été trouvé aucun garniment de lit en serge

Et de là serions descendus à la cave de ladite maison et trouvé la porte avoir été enfoncée, y ayant vu un tonneau de vin en perce, et reconnaissant avoir été jeté à terre .

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