Interrogatoire de Jean Astruc dit Mandagout

AD34 C183.668

Interrogatoire

Du 13 septembre 1702

Avons mandé venir dans la chambre de conseil l'accusé cy après nommé après de lui serment pris et dire vérité

Interrogé de son nom, age, qualité et demeurre et religion
A dit s'appeler Jean Astruc, qu'il est âgé de 47 à 48 ans, qu'il est catholique apostolique et romain, masson de son métier, d'Alais

Interrogé pourquoi il a quitté sa famille, a dit que ç'a été pour aller à la suite du sr Coulas pour porter ses violons (?), qui lui promit de lui donner 15 sous par jour, qu'ensuite il a été dans divers lieux où il a travaillé à son métier savoir Avignon, Bourbon, Tarascon et Beaucaire

Interrogé s'il n'a pas été à l'assemblée de Pierremalle et à celle de Ruffières

A denié

Interrogé s'il n'est pas vray qu'il a tiré un coup de pistolet à Pradelles et ensuite qu'il l'a blessé d'un coup de pierre

A denié

Interrogé s'il n'a pas dit au nommé Fors (?) que lui qui répond est prédicant, qu'il a été au Pont de Monvert, qu'on l'avait pris pour un espion et qu'il avait eu peur et qu'on avait été obligé à luy donner de l'eau de vie et qu'il avait prêché pour faire connaître qui il était

A denié

Interrogé s'il n'a pas dit audit Fors qu'au premier jour il y aurait deux cents personnes assemblées qui abattraient les églises et tueraient tous les catholiques

A dénié

Interrogé s'il n'était pas associé avec le nommé Bres pour prêcher alternativement

A denié

Lecture faite de son interrogatoire, exhorté de mieux dire la vérité, a dit l'avoir dite, et n'a signé pour ne le savoir, et a interpellé

Texte communiqué par Henry Mouysset, transcrit par Pierre Rolland

Circulaire de Bâville

AD34 C4702

Nicolas De Lamoignon

Vu la procédure faite par les sieurs officiers du Pré[si]dial de Nismes séant en Gévaudan au sujet des assassinats commis en la personne des Srs abbé du Chayla, curés de Frugères et de St André de Lancize, des Srs de la Devèze frères, de la dame leur mère, leur soeur et autres, des crimes de sacrilège, incendies, et de vol commis par les nommés Pierre Séguier dit Esprit, Pierre Nouvel, Moyse Bonnet et autres leurs complices, les jugements desdits sieurs commissaires rendus en dernier ressort, qui condamnent à mort lesdits Séguier, Nouvel et Bonnet, les décrets de prise de corps, jugements préparatoires et interlocutoires desdits commissaires contre plusieurs accusés desdits crimes des 5, 7 et 10 du présent mois d'aoust, procès verbal de question contenant les interrogatoires et réponses des nommés David Pascal, Jean Laval, Simon Serres, Jean Pelatan, Pierre Soulages, Jeanne Rouvière et Susanne Megesse, et la continuation d'information faite devant le sr Loys notre subdélégué et les conclusions du Procureur du Roy au Sénéchal de cette ville,

Nous avons déclaré la capture de David Pascal, Jean Pelatan, Suzanne Megesse bien faite et en conséquence ordonnons que le procès leur soit fait extraordinairement, auquel effet que les témoins ouis seront recolés a leurs dépositions et si besoin est confrontés aux accusés pour ce fait et communiqué au Procureur du Roy [pour] être fait droit ainsi qu'il apparaitra, et que les nommés Abraham de St Jean de Gardonnenque âgé de 28 ans ou environ, médiocre taille, Salomon Couderc de Vieljouve, Pierre Jouanenc du lieu de Chavagnan [pour Cassagnas], Jean Falguerolles, le fils aîné de Moyse Bonnet manchot, Louis Bounil [Bonnet?] de Peyremalle, La Porte prédicant, Jacques Thérond du lieu de Prades paroisse de St Martin de Bobaux, le nommé François du lieu de Rieumal, Combes de Villeneuve paroisse de Fregeires [Frutgères], Larrié de St André de Lancize, les deux fils de Pascal hoste du Rouve, Martin cy devant valet dudit Pascal, David Deleuse et son frère. Un autre nommé Deleuse du lieu de Lancise, le nommé Jean du mas de Rabieux [Rabiès], le batard du Baille de Travusa [pour Trabassac?], Jaqueton du lieu de Vieljouves, le nommé Martel de la paroisse de St-Hilaire, meunier. Couderc de Masarousa [Mazelrosade]. Le nommé Fieu [Frere?] agé de 23 ans ou environ, Pierre petit homme trapu qui est du côté de St Germain. Le nommé Nicolas [Joiny] neveu de Bonnet du lieu de Valeyguierre [Valignières] près Génolhac et un oncle du nommé Couderc agé d'environ cinquante cinq ans, seront pris au corps et conduits dans les prisons de cette ville pour etre ouis et interrogés sur les faits des procédures, sinon et après perquisition faite de leurs personnes, seront assignées à la quinzaine et par un cry public a huitaine, leurs biens saisis et annotés suivant l'ordonnance, et au surplus que les autres décrets de prise de corps et jugements préparatoires et interlocutoires rendus par les sieurs officiers du Présidial de Nîmes séant en Gévaudan des 5, 7 et 10 dudit mois et autres actes servant à l'instruction du procès seront exécutés en ce qui reste et notre autorité nonobstant opposition ou appellation

Fait à Montpellier le vingt neuvième aoust 1702

[signé] Delamoignon

Ce texte a déjà été publié, mais avec des fautes de lecture, par l’abbé Rouquette (L’abbé du Chayla et le clergé des Cévennes), et sera republié prochainement dans un livre retraçant "au jour le jour" les débuts de l’insurrection : Les premiers camisards, juillet 1702 par Henry MOUYSSET

Le Manuscrit Ronzier de Vern

Nous avons regroupé sous le titre "Manuscrit Ronzier de Vern" l'ensemble de textes issus des papiers de famille conservés dans son château de Vern par Paul-Albert Robert, érudit cévenol, qui les utilisa pour sa thèse, publiée à Nîmes en 1911 sous le titre "L'affaire du Pont-de-Montvert". Nous ne connaissons pas précisément les ascendants de monsieur Robert, et quels liens de parenté l’ont uni à la famille Ronzier ;.constatons simplement qu'un sieur Antoine Robert du Chambon est cité dans une des lettres publiées ici. Madame Aubin, fille de Mr Robert et seule descendante directe de la lignée, adhérente du Lien des Chercheurs Cévenols, me signala que l'abbé Roux avait une photocopie de ces documents. J’ai eu la chance de pouvoir photocopier à mon tour cette photocopie peu avant le décès de notre regretté ami.Une partie de ces papiers consistent en une copie faite par Monsieur Robert de mémoires et lettres, dont le mémoire d'Antoine Ronzier de Vern qui suit. Une autre partie est la photocopie de lettres originales, avec lesquelles nous avons complété le texte recopié par Mr Robert. Ces lettres sont malheureusement souvent assez dégradées et de lecture difficile, ce qui explique quelques manques dans la transcription (nous ne désespérons pas de retrouver un jour les originaux pour reprendre cette transcription). Le complément que nous avons ajouté au document initial de Mr Robert à partir de ces lettres est en italique dans le texte qui suit. Le lecteur verra que ces lettres sont d'un intérêt considérable, montrant l'ambiance qui régnait dans ces villages majoritairement catholiques de la région de St-Florent pendant la guerre des camisards. L'organisation en milices des habitants, le rôle du curé de Ste-Cécile d'Andorge dans l'attaque du village protestant de Branoux en réponse aux dégats des camisards dans sa paroisse, le sort de la femme de Moïse Bonnet (exécuté pour le meurtre de l'abbé du Chaila) apportent de nombreuses informations inconnues jusqu'alors. Notons pour terminer cette (trop) longue introduction, que le manuscrit Ronzier de Vern a été très bien exploité, pour ses aspects concernant l'organisation des "florentins" (milices anticamisardes propres à cette région située autour de la bourgade actuelle de St-Florent-sur-Auzonnet), par Chrystel Bernat dans son mémoire de maîtrise soutenu à Toulouse II Le Mirail en 1997, intitulé : Une révolte et sa contre-révolte.


 

Mémoires concernant les troubles causés en Cévennes en 1702 1703 1704 par les protestants révoltés dits camisars.

Extrait de certains papiers originaux que j'ai à mon pouvoir concernant les troubles causés en Cévennes en mil sept cens deux, trois, et quatre par les protestants révoltés dits camisars.

Robert

Memoire écrit de la main de Sr Antoine Ronzier de Vern

Ce mardi 25e juillet 1702 la nouvelle est venue qu'on a assassiné Mr l'abbé du Chayla au pont de Montvert lequel fut cruellement tué avec son valet par des gens inconnus qui tuèrent aussi le rentier de madame d'André. Cela arriva dans la nuit pendant qu'ils prechaient et chantaient des psaumes. Le lendemain matin ces cruels mutins s'en allèrent à Frugères où ils tuèrent aussi Mr le curé et le maitre d'école et mirent le feu à la maison claustrale laquelle brûla ensemble la porte de l'église comme aussi la maison à madame d'andré où logeait feu l'abbé du Chayla.

Cette cruelle sédition a inspiré de la terreur et donné lieu de nous assembler attendu qu'il n'y a point de troupes étrangères, mais seulement quelques compagnies de bourgeoisie qui ne peuvent pas survenir à détruire cette assemblée nombreuse qu'on dit d'environ six cens personnes.

Le mercredi 26e dud mois Mr de Tarabias et moi nous trouvames a Dieusse et résolumes avec les habitans de nous tenir sur nos gardes et de poser des sentinelles aux avenues pour garder les passages attendu les instances de ces malheureux qui voulaient venir bruler les églises et tuer les prêtres de ce païs.

Le lendemain jeudi 27e nous étant encore trouvé aud Dieusse, Mr de Tarabias eut avis de Mr de Corniaret de s'assembler à Malenotres (?) pour délibérer et prendre les expediens pour empecher ces scelerats de se satisfaire entierement ou étant il fut délibéré d'aller le lendemain à Vialas ou on s'était vanté de venir à sept heures du matin faire leurs prières et chanter les psaumes dans l'église dud lieu.

Le vendredi 28e nous fûmes aud Vialas étant environ deux cens hommes armés desquels je commandais environ trente de Vern Dieusse et le Martinet neuf et nous étant campés au-dessus de l'église, je fus prié par Mr Sollier secondaire dud Vialas de l'escorter avec six de mes hommes choisis pour aller tirer les ornemens habits sacerdotaux et vases sacrés de lad église ce qui fut exécuté, on mit le tout en deux ballots qu'on fit porter par deux hommes à Genolhac ou led Sr Sollier s'alla réfugier. Mr Bros curé s'était réfugié au Peras chez Mr de Corniaret. Ayant fait cette action, les ennemis furent avertis de notre marche, ils se dispersèrent, mais pourtant nous ne fûmes pas les attaquer. Dans le lieu de Vialas on nous donna à boire et à manger.

Ayant resté aud lieu jusques à midi nous retournames sur nos pas tambour battant et marchant en bataille ayant encore appris qu'on avait tué Mr le prieur de St André de Lancize.

Ces malheureux n'étant pas contents s'en furent à la maison de Mr de la Camp la Deveze de Barre où ils tuèrent ledit sieur de la Camp, la dlle sa femme et tous les autres qui furent dans la maison dont je ne sais pas le nombre; ils brûlèrent le château et s'étant ensuite campés au devant où ils mangeaient et buvaient, il survint Mr de Pouls capitaine d'une compagnie franche avec sa compagnie ou partie d'icelle qui tira dessus et en tua trois et fit trois prisonniers notamment le nommé Pierre Esprit qui avoua être un des chefs de cette cabale.

On a fait brûler led Pierre Esprit au Pont de Montvert au mois d'aout 1702, enesemble Moise Bonet coutellier de Peiremalle a St André de Lansuscle pour avoir été l'un des meurtriers de Mr le prieur dudit lieu, lequel fut pris à Peiremalle par Mr Coste capitaine comme aussi le nommé Nouvel de Nojaret pour être de la cabale de ces malheureux lequel avait été pris au devant de la maison du sieur de la Camp par led sieur Pouls.

Mr Coste capitaine d'une compagnie franche qui lui fut donnée en considération de ce qu'il avait défait une grande assemblée qui se fit proche de Chamboredon au-dessous de l'Issartol, led sr Coste avec sa compagnie dont mon frère de Bordezac à l'honneur d'être lieutenant étaient logés à Peiremalle ou casernés au fort, d'ou il manda deux soldats à Branous, attendus qu'ils sont vides pour payer la contribution, et étant chez le sieur Verdier consul, entrèrent environ cinquante hommes armés en criant tue tue mais à la prière de la mère dud sieur Verdier on leur donna la vie se contentant de les désarmer au même temps on dit qu'on avait désarmé en trois endroits à St Just, aux Plans et au mas de Lamouroux de Portes.

Le 9e août 1702, Mr de Cabrières capitaine de Chamborigaud étant au Collet de Deze en garnison on lui vint dire qu'il se faisait une assemblée là tout proche: il y alla avec sa compagnie pendant qu'il fut voir cette feinte, vinrent dans la nuit audit Collet environ deux cents hommes qui allèrent à la maison de Mr le curé lequel ayant été averti peu de temps avant eut le temps de se retirer; cette troupe de gens fit beaucoup de ravages dans la maison dud curé et ailleurs prenant les armes de ceux qui en avaient. Mr de Dèze meme fut obligé de leur bailler un fuzil et une paire de soulliers. Se retirant ensuite du côté de St Michel ils allèrent camper à un endroit appelé Champ Domergue dans la paroisse de St Frezal proche St Andéol. Sur quoi led sieur de Cabrières avec sa compagnie, la compagnie des Aires et de St Germain, un détachement avec Mr Pouls les suivirent n'étant pas plus de 65 soldats, allèrent aborder cette grande troupe à proportion des soldats, lorsqu'ils virent venir lesd soldats ils avancèrent leur faisant signe avec le chapeau d'approcher et firent une grande décharge sur les soldats qui venaient par défilé desquels il n'y eut de blessé qu'un lieutenant qui fut blessé au bras et un autre du nom desquels je ne me souviens pas et les soldats commandés par led sieur Pouls tirèrent dessus et en tuèrent sur la place et en les suivant comme ils prirent la fuite environ vingt cinq; on dit que la compagnie de Chamborigaud fit plus qu'aucune; ils ont apporté des fusils des habits des soulliers et de l'argent; le chef de ces sélérats est un nommé Laporte de Branoux.

Ce 21e 7bre 1702 on a fait rompre à Alais un nommé Salles de Pertus, le nommé Donnadieu de la Viale paroisse du Colet et le nommé Jean Heral de St Denis proche Rivière qui s'était mis de cette bande.

Lettre du Sr Maurice Ronzier de Bordesac au Sr Antoine Ronzier de Vern son frère (manque original)

A Pierremalle ce 10e 8bre 1702

.....

Vous avés aparemment sçû la mort du prieur de St Martin de Bobaux et le brûlement de son église et de celle de Soustelle et de Lamelouse et la mort du sieur Jourdan de Bagars voila a gros avis les nouvelles que j'ai a vous donner. Je suis tous les jours en détachement a cause qu'une partie de ces sélérats est dans les bois de Rousson. Voila de quoi je vous avertis comme étant mon très cher frère de meme que toute la famille, votre Ronzier

Ordre donné par Mr Ronzier de Vern inspecteur le 2 décembre 1702

Jean Pierre Castanier, Jean Deleuze, Jacques Arnal de Vern, Antoine Dumas, Pierre Guibal plus jeune, Barthélémi Besse, Antoine Herail et Pierre Polge de Dieusse joindront Mr Jean Dumas dud Dieusse aujourd'hui pour s'en aller passer la nuit a Sénéchas avec leurs fusils et autres armes pour faire garde à l'église et maison claustrale dud Senechas s'y rendront avant la nuit et resteront jusques après la sainte messe sous le commandement dud Dumas à peine de l'amende portée par la délibération sur ce passée et rapporteront un certificat de Mr le Prieur ou de Mr son secondaire d'avoir fait lad fonction. Ce 2 Xbre Ronzier inspecteur

Copie de la lettre écrite par Monsieur Ronzier de Vern à Mr le prieur de Sénéchas,àu sujet des troubles causés par les camisards

Vern le 4e février 1703

Copie de la lettre écrite par sr Antoine Ronzier à mr le prieur de Sénéchas auquel il apprend la chasse donnée aux barbets desquels il y a eu environ quatre vingt de tués et autres choses au sujet de la guerre des camisards

Monsieur, après avoir beaucoup attendu secours nous l'avons eu de Mr de Marcelly qui a chassé pour une heure seulement les barbets de Genolhac où il y en eut environ quatre vingt de tués tant hommes que femmes; on a pris un grand butin de mulets qu'on a emmené; mon frère de Bordezat qui vint aider à nous défendre ou il a resté six ou sept jours dans la paroisse avec une compagnie y a contribué. Mr de St Julien de Tarabias avec sa compagnie y a été et a gagné le tambour qui avait été pris de la bourgeoisie dud Genolhac. J'ai eu l'honneur d'en être avec une compagnie ou je n'ai pas eu occasion de bien faire, mais par la grace de Dieu aucun n'a pas été tué ny blessé des notres, mais bien cinq de Mr de Marcelly morts ou blessés. J'ai voulu prier led sieur Marcelly de nous laisser quelques compagnies pour aider à nous défendre, mais ma prière a été fort inutile. M'a seulement promis de nous envoyer encore du secours, sur ce que je lui ai représenté que nous étions plus en danger que avant sa venue, il m'a répondu qu'il ferait de son possible pour nous aider tant par l'inclination qu'il en a que pour faire plaisir de Mr de Morangiès. Je vous prie Monsieur de le solliciter un peu s'il vous plait. Nous sommes toujours assemblés environ deux cents hommes compris ceux de mon frère et encore une compagnie d'Aujac et de Malbosc commandée par Mr Veyrines d'Aujac et dans la résolution de nous bien defendre et comme nous avons besoin de 20 livres de poudre et autant de plomb que les nouveaux consuls sont chargés d'acheter par contribution et qui nous est fort necessaire. Ledit consul m'a dit vouloir venir la quérir ou d'envoyer quelqu'un pour cela, mais comme on ne voudrait pas la leur bailler attendus qu'ils ne sont pas connus, ils ont trouvé à vous Mr pour que vous ayez la bonté de le leur faire bailher. Il serait bon qu'il y eut plus de poudre que de plon parce que plusieurs peuvent avoir quelques bales. Ils payront le prix du tout. Je leur ay meme bailhé un louis d'or que je me suis trouvé attendu qu'ils m'ont dit qu'ils n'avaient pas d'argent. Escusés de la liberté que je prends envers vous mais la necessité présente du fait m'oblige a me rendre importun, dieu nous fasse la grace de pouvoir vaincre les mechans et de nous voir un jour en paradis, je le souette avec autant de désir que je le puis et suis monsieur votre très humble et très obéissant

Alais le 16 février 1703 Mr Dupuy, prieur de Sénéchas à Mr Ronzier de Vern,

Monsieur

Vous ne devez pas douter que je ne prenne beaucoup de part à tous les désordres qui arrivent tous les jours dans le pays. Je loue votre courage et votre vigilance. Si tous les habitants étaient si ponctuels à faire la garde que vous la paroisse ne serait pas peutetre en si grand danger qu'elle est; cependant je vous dirai que dès que j'ai eu reçu votre lettre j'ai été parler à Mr de Julien commandant des troupes, que j'ai trouvé chez Mr l'abbé de Morangiès ou il dinait avec Mr de Marcelly colonel. Je leur ai exposé la necessité qu'il y a d'envoyer des troupes au pays, je leur ai meme lu votre lettre mais ils ont répondu que les troupes étaient un peu fatiguées à cause qu'elles venaient de faire une course de huit jours pour combattre les barbes qu'ils ont entièrement défaits au nombre de huit ou neuf cents. Cependant vous verrez venir des troupes dans le temps que vous n'y penserez pas, peut etre meme demain, mais cella doit etre secret; en attendant cet heureux moment, il faut veiller s'il vous plait plus que jamais et exhorter tous les habitants à en faire de meme, car ceci va prendre fin a cause de la multitude de troupes qui viennent dans la province; il arriva hier au soir dans cette ville quatre compagnies de dragons, et Mr le marechal de Montrevel avec cinq mille hommes. Au premier jour il est déjà arrivé a Montpellier; puisque vous en avez tant fait de conserver jusqu'ici la paroisse, je vous prie de continuer afin que vous en ayez toute la gloire, dans peu de temps j'espère d'avoir l'honneur de vous voir et de vous témoigner que je suis sans réserves, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur Dupuy pr a Alais ce 16e febv 1703

7 mars 1703

Mr Chabert fils sur la blessure de son frère à Mr Ronzier de Vern son oncle

A Portes ce 7e mars 1703

Nous ne doutons pas que vous ne preniés toute la part qu'un bon ami doit prendre à ce qui nous regarde, Monsieur mon très cher oncle et surtout à la chute de mon frère qui nous chagrine beaucoup surtout ne pouvant savoir quel évenement il y aura et sur ce que vous me demandés de savoir de quelle manière il fut blessé je vous dirai que dimanche en nous retirant du Colet où nous quittames Mr de Julien avec toutes les troupes qui s'en allaient à Alais où ils sont encore, étant à la jointure des chemins du Colet et de Coudouloux l'on vint nous dire que Chayla du Maine s'était réfugié chez son neveu au Teyrac il voulut contre mon sentiment y aller avec une vingtaine d'hommes qui l'abandonnèrent comme je lui avais dit qu'ils feraient, c'est-à-dire que lorsqu'il fut chez Chayla ayant posé quelques sentinelles au dehors de la maison et lui étant entré avec quatre ou cinq hommes au dedans et aperçu le coquin qu'il cherchait, il descendit de dessus le Teyrac une troupe assez nombreuse qui donna l'épouvante et firent fuir tous ceux qui étaient dehors si bien qu'ils abandonnèrent mon pauvre frère qui fut blessé de trois balles à la jambe droite à l'endroit de la cheville; Les quatre l'emportèrent comme ils purent jusques à la maison de Chabrol du Gravas ou ils furent poursuivis par ces bandits à coups de fusil. Mr de Salze rallia ces lâches et les obligea d'aller chercher mon frère à l'endroit où il était et le fit emporter ici où il est présentement bien affligé de douleur; vous voyez l'exemple des bourgeoisies, profitez en je vous en supplie et ne vous cometez pas que lorsque vous ne pourrez pas l'éviter.

Au reste, nous avions eu la nouvelle de la mort de ces cinq personnes que vous me marquez, voilà un second exemple a ne pas se commettre sans grosse précaution joint que d'ailleurs il est fortement deffendu aux bourgeois de s'attroupper ni sortir pour aller piller ni ravager. Mr Jullian que j'eus l'honneur de voir hier matin à Alais protesta que si celà arrivait il en ferait faire un exemple. L'on attend d'un jour à l'autre l'arrivée de Mr de Chantaruejols qui a été nouvellement fait brigadier d'armées à Allais avec sept bataillons, et mon père qui vous salue et me charge de vous écrire celle ci a eu une lettre de Mr Champetier qui marque qu'ils ont eu avis d'Uzès qu'il doit arriver 40 bataillons qui viennent du Milanais dont il en viendra 22 en province et le reste doit rester en Dauphiné. Les grands coups de fusil qu'on tirait hier du côté d'Allais nous donnaient à penser: je commença à les entendre de Sauvagnac en continuant jusques ici. Nous avons sçû aujourd'hui que c'était les miquelets qui folatraient. Au nom de Dieu conservez vous tant pour vous que pour votre famille que je salue bien fort et croyez moi à mon ordinaire d'un profond respect, Monsieur mon très cher oncle votre très humble et très ... serviteur Chabert

21e avril 1703 Mr du Rastel à M Ronzier de Vern auquel il donne des nouvelles des camisards et apprend l'escarmouche arrivée entre eux et les troupes du roi au passage de la rivière de Cassagnas

Au Rastel ce 21e avril 1703

Je vous prie Monsieur avoir la bonté de m'apprendre si vous aves des nouvelles de Mr Masmejean au sujet de l'affaire de Madlle de Lanteires et s'il est dans le sentiment de la payer pour que je vous envoie la quittance et au cas ou le sr Masmejean ne vous ai fait aucune réponse je vous prie avoir la bonté de lui envoyer un message que je payerai pour mlle de Lanteires. Je ne trouve personne qui veuille y aller, cependant je me suis chargé de cette affaire ou j'ai besoin de votre secours. On vient de me dire qu'on vous avait donné l'alarme que les camisards devaient être ici ils nous feront un gros plaisir de se tenir loin. Tout ce que jen sais qu'ils furent avant hier jeudi diner à St Andeol et dans le voisinage au nombre de trois ou quatre cens et furent coucher au Castanet de Dèze. C'était les mêmes qui s'étaient battus avec les troupes qui étaient à St Germain, au Pradal proche Cassagnas où ils perdirent quelques hommes du nombre desquels je ne suis pas certain: les officiers ont dit à Alais qu'ils en avaient tué soixnte ou quatre vingt, d'autres gens disent qu'il n'en est demeuré que cinq à six sur la place, ainsi je ne vous baille rien de sûr sinon qu'il se fit de grosses décharges de part et d'autre. Ce furent les camisars qui attaquèrent les troupes du roi au passage de la rivière de Cassagnas dans le temps qu'ils se retiraient après avoir pillé Cassagnas et brûlé le Pradal. Il s'est perdu quelques soldats. Si j'apprends quelque chose, vous pouvez compter que je vous avertirai, je vous prie d'en faire de même pour que j'eusse le temps de me tirer de devant, quoique quelque malheureuxcoquin dit hier à Portes à des gens qui s'en allaient à la foire de Pradelles que j'attendais les camisars de diner chez moi, qu'ils me l'avaient écris, c'est quelque jean-foutre qui cherche à me faire des affaires et à tout le village; il sera heureux que je ne le découvre pas. S'il est découvert, il ne le portera pas loin, ou bien je ne trouverai pas le moyen de le joindre. Si je ne vous cognusse pas tant de mes amis, je ne vous ferais pas part d'une matière pareille. Je vous souhaite le bonjour et suis avec attachement Monsieur votre très humble et très obéissant serviteur du Rastel

Depuis ma lettre écrite, il est venu une troupe de bourgeois partie de Senechas et partie de Bourdezac; ils ont enlevé une partie du troupeau du lieu au bout du pont et en firent quelques postes et de gens qui sont réfugiés a Allais. Vous savez Monsieur que les ordres du roi ne sont pas tels et qu'il y aura des plaintes et que si cela continue tous les habitants vont deserter. On a beau supposer que les attroupés son refugié dans notre lieu, la vérité se saura. ; Je sais de leur hargne (?) depuis lafaire de Chamborigaud. Ils n'y ont plus approché Je vous marque cela pour que vous ayez la bonté d'en informer Monsieur de Tarabias et monsieur votre frère qui pourraient faire rendre ce qui a esté pillé avant que la chose....crée (?); ce sont des gens de leur troupe qui sont venus sans aucun ordre de leur part ni autre.

(lettre manquante en original) Lettre de Mr Dumoulin gouverneur au château de Portes à Mr Ronzier de Vern

Du château de Portes ce 24e avril 1703

J'avais écris Monsieur ce matin à Mr votre frère de venir secourir Mr de St Florent, mais du depuis j'ai appris que les sélérats ont couché aux Mages au nombre de six cens hommes lesquels ont passé à dix heures au Pradel ayant tué sept à huit personnes et pris le chemin des Salles et Branoux ce qui me fait vous prier Monsieur, d'avertir Mr Ronzier votre frère qu'il ne bouge pas, c'est la grace qu'espère celui qui est parfaitement Monsieur votre .... Dumoulin

(lettre manquante en original) Lettre de M' Chabert fils à Mr Ronzier de Vern

A Alais ce 25e avril 1703

J'ai cru vous devoir donner avis monsieur mon très cher oncle comme la troupe qui passa hier au Pradel et de là à Branoux qui est composée d'environ 500 hommes est celle de Chevalier et du frère de Mr de St Chaptes qui va selon toutes les apparences joindre celle de Joany qui est du côté de Castagnols pour apparemment faire quelque tentative sur votre paroisse ou autres voisines, c'est pourquoi vous méfier d'eux, mettre le plus de gens que vous pourrez sur pied et prendre garde de ne pas tomber dans le piège que quelques habitants du Pradel et des Salles sont tombés. S'étant mêlés avec ces malheureux dans la croyance où ils étaient que c'étaient des troupes du roi parce qu'ils ont une compagnie de grenadiers habillée des habits qu'ils ont enlevés aux soldats, laquelle ils font marcher à la tête. Les bourgeois du Pradel qui sont au nombre de 20 ou 25 qui ont été tués lorsqu'ils aperçurent cette troupe se détachèrent pour les reconnaître croyant que c'était de la garnison d'Alais quand ils furent au qui vive ces malheureux répondirent Ternait à ceux du Pradel et Rouergue aux Salles. Sur cette réponse ces pauvres gens se mêlèrent avec ces bandits qui les désarmèrent et les égorgèrent. Flourit qui vient vous apporter cette lettre expres a ordre d'en faire voir à mon père et à mr de Salze en passant afin d'éviter et faire éviter le même danger. Je vous salue bien humblement et suis de même qu'un cousin votre frère que je salue aussi et toute votre famille

Lettre du Sieur Courtois de St Ambroix

A St Ambroix le 27 avril 1703

Monsieur mon bon ami

Je vous prie de me faire la faveur, la présente reçue, me vouloir expédier un certificat de la mort de Raymond Masson, mari de Françoise Bondurant de Génolhac rebelle au roi passé par les armes à Sénéchas, et vous prie Monsieur d'y mettre le jour de sa mort et le mois et le faire signer à Mr Layde votre secondaire, s'il vous plait à cause que ce lieu menace d'etre entièrement ruiné par leur rebelion, je veux présenter requete à Mr l'Intendant et m'assister ..... vu que je suis donataire de feu Jean Bondurand, l’autre je suis le plus proche et suis fidèle au roi et de la religion catholique comme le fait apparaitre un bon certificat de messieurs les pretres de moy et de mon fils et ma belle fille anciens catholiques autorisés de monsieur l'abbé, mr le vicaire général de Genolhac m'écris qu'il me faut le certificat de la mort de Massonet que sa femme Françoise Bondurant est désobéissante aussi bien que feu son mari. Je vous prie m'envoyer ce que je vous demande par cet exprès s'il vous plait, lad affaire presse ce que j’attends de votre amitié et bonté je vous suis et serai toute ma vie avec soumission et un profond respect Monsieur votre très humble et obéissant serviteur Courtois

Je vous envoie en vrac toutes choses tant de hozards que pour le camp volant lundi sur la nuit arriva à Mileis, les Mages, la badie, le mouna terre de St Jean de Valeriscle 1200 hommes, tambour battant s'est contenté de manger et boire et se retirèrent le mardi matin on tua trois hommes anciens catholiques savoir le fils de Bonaire de St Salvière [St Sauveur?)... Galibert de Courry qui allait à Ales vendre du blé ou a ce matin les peres sont passés à St Ambroix je leur ai parlé, venant de les enterrer.

De la les hosarts sont allés au Pradel l'on y a tué dix a douze hommes.

Toute notre ville est remplie des familles des villages voisins on charie nuit et jour et c'est une grande désolation. Dans ma maison j'ai logé Mr de Chalbos prieur de StEstève et Mr Comby secondaire de St Victr de Malcap et j'ai quitté mon lit pour le leur balher avec joye.

Et ce soir des commissaires du roi ont pris toutes les mules de St Jean de Maruejols, St Denis, Rochegude, Roineres et autres lieux pour porter les tentes et autres choses du Camp volant qui se fait à la plaine de Nouatelle (?) ce camp il y a pres de mil hommes et c'est une chose assurée, vous devez bien croire que je le sais.

Le Roy fait décharger beaucoup de blé qui vient du côté de Piémon et de la Bourgonne pour nourrir les troupes et que la province ne souffre de rien; ce blé est déchargé à Beaucaire, Comps, l’Ardoise, Coudoulet le St Esprit et le tout viendra par charette là ou on en a besoin. A la vérité à Orange il n’y a pas de service des protestants depuis peu de temps. Mon compliment à mr Layde, excuse ma liberté. Je suis averti de me tenir sur mes gardes moi et mon fils et ma belle-fille. Si j’ai moins à faire je viendrai à Sénéchas pour m’aller mettre en poste sûr avec assistance et ordre s’il plait à Dieu

Tout présentement sont entrés dans la ville 38 charges d’effets (de blé ?) de madame de la Calmette de St Jean, un de mr le marquis de Rochegude, mr le baron d’Alès notre gouverneur a retiré mr le marquis de Montalet et son fils avec lui. Enfin la ville est pleine.......... d’autres qui viennent de tout le.... Mr de la Planche ...... logé pour son bonheur mr de Malbosc ....... chez son parent mr de Miremont de la ......... de civilité dans notre ville tous les soirs on monte à la garde 000 hommes.

Aujourd’hui sont passées 60 mules chargées de munition au pont d’Auzon qui vont décharger à la plaine de Nasselles la ou on fait le camp volant, les messieurs de St Florent font beaucoup de ravages à la terre de St Jean de Valeriscle, ils tuent et pillent les paisibles femmes ... on a tué à St Jean un enfant de Ribot et blessé sa femme ....et a fini de même aujourd’hui Dieu soit ...le péché du puple qui nous a attiré ce fléau de la ... contre nous. Je vous prie monsieur ............ un de ses petits fils s'il vous plait

Toutes les portes de la ville sont murées à chaux et sable sauf celle du Pont. Aujourd’hui on a doublé la garde de la porte, on y met 12 hommes d’ordinaire armés........... pour flanquer les murailles de la ville........ défendre s'il plait a Dieu les portes et autres

(lettre manquante en original) Lettre de Mr Lafont consul de Genolhac à Mr du Rastel

A Genolhac ce lundi 25 7bre 1703

Monsieur, j'ai eu avis tout présentement de la part de Mr le commandant de Vialas comme hier au soir l'on acheva de brûler le Colet et que ces malheureux attrouppés sont venus à dix heures du matin à la portée de fusil de la sentinelle. Il m'a chargé de le faire savoir aux paroisses voisines. J'en ai informé Mr du Chambonnet et les messieurs de Sénéchas et les ai prié de nous secourir. Comme vous avez eu la bonté Monsieur de dire à mon frère que vous obligeriez ces messieurs à venir ici pour nous donner du secours, je vous écris celle ci pour vous prier de nous faire venir s'il se peut une trentaine d'hommes ce soir car le sieur commandant m'a écris que ces chemisars avaient résolu ce soir de nous achever de brûler ce lieu. vous en sera a jamais obligé et moi en mon particulier qui ai l'honneur d'être de tout mon coeur Monsieur votre etc Lafont consul

30 septembre 1703. Ordonnance de Mr du Villar rendue le 30e septembre 1703 sur la garde de la paroisse de Senechas qui doit être faite par les habitans à l'ordre de Mrs Tarabias, St Jullien et Ronzier

Du Villar Lieutenant colonel chevalier de l'ordre de St Louis commandant pour le service de sa majesté à Genolhac et aux environs

En suitte des ordres que nous avons de Monseigneur le Maréchal de Montrevel commandant en cette province, nous ordonnons aux habitans de la paroisse de Senechas de faire la garde qui leur sera ordonnée pour la seureté de leur paroisse. ...Messieurs de Tarabias, St Jullien et Ronzier, que nous avons chargés de veiller à la conservation de ladite paroisse et d'empêcher qu'il ne se glisse parmi eux aucun rebelle, le tout pourtant sans troubler le travail desd habitants tout autant que faire se pourra. Fait à Genolhac ce trantième septembre mille sept cens trois. Du Villar. Jay l'original St Jullien

(lettre manquante en original) Lettre de Mr le curé de Ste-Cécile à Mrs de Tarabias et Ronzier de Vern

A Ste Cécile ce 11 8bre 1703

Messieurs, vous êtes trop de mes amis pour ne pas participer au malheur général qui est arrivé dans ma paroisse: ainsi j'ose vous prier, puisque les troupes du roy ne se donnent aucun mouvement quoiqu'on les avertisse, elles qui auraient pu empêcher la désolation qui m'est arrivée si elles eussent accepté la prière que je leur fis le jour d'auparavant, de venir demain matin ici avec votre troupe, si vous le pouvez, pour nous aider à mettre le feu à Branoux et au Castanet; j'ai écris aux mrs de St Florent de m'accorder la même grace, ceux de Portes sont ici depuis ce matin. Dans le sentiment de vous suivre, supposé que vous puissiez venir, j'attends un mot de réponse et suis de tout mon coeur messieurs votre .... Vidal curé

Octobre 1703 (pas en original)

Copie du dénombrement des nouveaux convertis de la paroisse de Sénéchas diocèze d’Uzès fait en conformité de l’ordonnance du roi du 11 7bre 1703 et de la lettre écrite aux consuls de lad paroisse en exécution de lad ordonnance par mgr de Basville conseiller d’état ordinaire intendant de cette province de Languedoc du 20e dud mois de 7bre

Cette copie écrite de la main du sr Antoine Robert du Chambon

Sr Pierre Roure, son père et son grand-père sont habitants de Nîmes

Baptiste Martin

Jeanne Chaberte (absente)

Paul Allegre

Suzanne Chamboredonde

Françoise Allègre

Jeanne Maurelle

Jaques Reboul

Antoine Blancard (absent)

Henriette Blancard

Baltesard Chamboredon

Marguerite Chamboredonde

Jeanne Draussine veuve de François Fabre

Pierre Fabre

Antoine Fabre

Jaques Fabre

Judith Fabresse

Espérance Fabresse demeurant pour servante à Peyremalle

Isabeau Fabresse demeurant aussi pour servante à Peyremalle

Magdeleine Fabresse

Jacques Collet agé d’environ 45 ans (absent)

Jaques Sabatier (absent)

Jaques Felgeirolles

André Benoit

Jean Benoit agé d’environ 22 ans (absent)

André Benoit agé d’environ 16 ans (absent)

Joseph Pons

Jaques Arnal agé d’environ 25 ans

Suzanne Benoite veuve de feu André Vignes

Marie Felgeirolles veuve de feu Jaques Arnal

Dans ledit état n’a pas été compris le sr Lafont de Malenches agé de 57 ans ou environ, sa femme agée de 50 et sa famille composée de deux filles agées l’une de 22 ans et l’autre de 18 et un garçon nommé Pierre ni un autre garçon qui demeure à Nîmes depuis cinq ans chez mr Polge procureur parce que led Lafont et sa famille se sont convertis longtemps avant la conversion générale du 1er octobre 1685 et sont déclarés anciens catholiques par trois ordonnances de mgr l’intendant du 26e janvier 1687, 11e Xbre 1702 et 11 janvier 1703 en conformité de la déclaration du roi de l’année 1686 qui les déclare tels.

Nous soussignés consuls de lad paroisse de Sénéchas certifions le susdit dénombrement véritable et d’avoir fait afficher la susd ordonnance à la porte de l’église le dimanche quatorzième de ce mois ne l’ayant reçue que le 13, fait ce .... octobre mil sept cens trois

16 novembre 1703. Mr du Villar ordonne aux habitants de Senechas de faire faire la garde chaque jour par deux hommes sur les hauteurs de Bellepoile.

Du Villar Lieutenant-colonel chevalier de l'ordre roial de St Louis commandant pour le service du roy à Genouillac et aux environs,

ensuitte des ordres particuliers que nous avons de Me le Maréchal de Montrevel, nous ordonnons aux consuls et habitants de Sénéchas de fournir deux hommes tous les jours pour faire garde sur la hauteur de Belle Poille depuis la pointe du jour jusqu'à la nuit qui se retireront à la plus proche maison de Malconches observant de ce poste en lieu d'où ils puissent découvrir tout ce qui se passera au grand chemin et aux environs et de m'en donner advis, s'il parait une troupe de gens armés ils tireront deux coups de fusil ce qui ferra le signal pour que les habitants prissent leurs armes et à moi pour marcher à eux; comme il se pourra que les coups de fusil ne soient pas entendu de Genouillac, ils viendront m'avertir de ce qu'il y aura et ne donneront l'alarme que bien à propos, et surtout prendront garde que personne ne soit insulté dans le grand chemin, s'il passait des gens qu'ils crussent suspects, ils les arrêteront sans leur faire aucun mal et me les amèneront. Priant Mr le prieur et Mr de Tarabias de n'employer à cette garde que d'honnetes gens afin qu'il ne s'y fasse aucune friponnerie. Fait à Genoulliac ce 16 novembre 1703 Du Villar

Le lieu de Sénéchas et Tarabias étant obligés de faire garde du coté ou ils sont je les exempte de la garde de bellepoille et ordonne que tous les autres hameaux de lad paroisse fourniront lad garde chargeant Mr Ronzier de la faire faire avec exactitude. Fait à Genouillac ce seizième novembre mil sept cens trois. du Villar

(lettre manquante en original) Lettre de Mr Ronzier de Bordezac à Mr Ronzier de Vern

Je vous suis bien obligé mon très cher frère des nouvelles que vous avez la bonté de me donner au sujet du malheur qui est arrivé au pont du Rastel. Je vous assure que je plains bien nos pauvres voisins. Le bon dieu les console et nous donne la paix. Je suis bien aise que l'on naye pas fait beaucoup de désordre dans votre maison. Je vous prie de vous conserver et quand il y aura lieu que je pourrai vous être de quelque utilité, ne m'épargnez en rien c'est la grâce que je vous demande puisque je suis et à toute votre famille mon très cher frère votre humble et très obéissant serviteur Ronzier

A Bordezac ce 16e Xbre 1703

(lettre manquante en original) Lettre de Mr du Villar commandant à Genouilhac a Mr Ronzier de Vern

A Genolhac ce 26e janvier 1704

Je vous prie Monsieur de faire assembler toute la nuit tous les habitants de votre paroisse et de faire en sorte que vous puissiez être tous en état deux heures avant le jour à Bellepoille; il faudra me faire avertir par quelques hommes lorsque vous y pourrez être afin que je vous fasse joindre par un étachement des troupes du roy. Je suis votre... Du Villar

(lettre manquante en original) Lettre de Mr du Villar commandant a Genouilhac a Mr Ronzier de Vern

Je vous prie Monsieur d'avertir tous vos habitans de se tenir prêts pour samedi matin. Il faudra que vous soyez tous à la Bellepoille à la pointe du jour. J'espère qu'ils reviendront aussi bien chargés que la dernière fois. Je suis Monsieur entièrement à vous Du Villar.

A Genouilhac ce 14e février 1704

Lettre de Mr Roure l’avocat à son fils le cadet au Chambon de Senechas

A Nimes le 18e fevrier 1704

J'ay reçu vos lettres dont la dernière est du 8ème de ce mois; pour ce qui est de la garde de portes quoy qu'il n'y ai point de reco (?)nessances qui nous y obligent; les seigneurs dans un temps de guerre comme celuy-ci ont droit d'obliger leurs vassaux au guet et garde de leurs chateaux. Mais quand ils n'y auraient aucun droit, ce ne serait pas à nous à le contester surtout dans un temps tel que celui ci, il faut seulement veiller que vous ne soyez pas surchargés et sinon fesés le représenter doucement à Mr le gouverneur qui ne manquerait pas à nous faire raison c'est une personne qui a paru toujours être dans nos intérets et qu'il faut ménager vous aurez peut etre besoin qu'il vous donne retraite et à nos principaux effets du moins si on en use vers nos quartiers comme on fait à anduze, je viens tout à l'heure d'en recevoir une lettre de Mr Boniol notre fermier qui m'apprend la désolation de leurs pays; il a été obligé de retirer trois de nos fermiers de la campagne avec tous leurs effets, bétail gros et menu, et toutes les denrées et meubles, tous les paysans on eu ordre de s'y retirer ou dans les autres bourgs clos avec tout ce qu'ils avaient dans leurs maisons, sur tout il leur est défendu sous peine de la vie d'y laisser rien qui serve à la nourriture des gens ou des bêtes, comme foin, paille et toutes sortes de grains; il leur est aussi enjoint sous la même peine d'abattre les fours et moulins, si pareil cas venait à nous arriver songez à vous gouverner avec prudence et par l'avis de vos bons amis, surtout ayez soin des papiers, et surtout ceux qui sont de la famille; je ne doute en rien d'Alegre parce qu'il est ici et nous a dit que l'assignation n'a été que pour empecher la prescription, je vous ai écris la dessus assez au long ci-devant, il n'est pas necessaire que vous nous rendiez les papiers; seulement si vous trouvez quelque comodité vous pourrez nous envoyer une copie que vous ferez de la ratification du decret et une copie du role de ce que mon père a fourni, mais comme je vous dis il n’est pas necessaire de le mander que par commodité et pour les obligations il y a cinq ou six dans les liasses, prenez garde de ne brouiller pas les papiers, car ce serait après un cahot. Prenez bien garde à toutes choses et surtout au pillage, et pour le domestique, ne nous fier qu’à nos yeux. On nous assure que Margot se va marier au premier jour à un homme de Chamborigaud et qu’il se fait un double mariage de sa fille et du fils de cet homme, si cela est songez à ce que rien ne s’écarte et à n’être pas dupé. C’est des choses et plus violent que parait. Mais il ne peut pas durer longtemps dans cette violence, ainsi mon père pourra monter au premier calme. Cependant comme mr de Larnis (Louis ?) ainé a besoin d’argent nous lui écrirons qu’il voye de concert avec vous d’en faire du ..... de rentrer tout ce qu’il pourra de Guillaume Polge et de Claude de Conobatet (?) pour les .... il faut les garder pour un ... (trou) .... pour d’autres charges qui sont à payer; ainsi ce que vous en pourrez retirer gardez le sans le divertir ailleurs.

Nous devons nous assembler demain à la maison de ville pour payer notre portion des cent mille livres de quession (caution?), notre ville est taxée pour cela 10000 livres c'est à dire les nouveaux convertis, je vous apprendray ce qui sera résolu, si cela peut tirer a conséquence pour nous; je suis surpris cependant que notre paroisse qui a eu deux décharges de toute contribution ait été taxée, pour celle là peut etre que le nom de Peyremale est équivoque et que cela regarde la paroisse de Pierremale et non pas celle de Peyremales que je ne crois pas etre une paroisse comme on la qualifie dans la copie de l'ordonnance que vous m'avez mandée, si j'ai le temps j'en écrirai un mot à mr de Tarabias, j'écrirai aussi à Mr le prieur pour voir s'il n'y aurait pas moyen de décharger sa paroisse, attendu qu'elle a déjà deux ordonnances de décharge, qu'il n'y est arrivé aucun désordre, que les camisards n'y ont pas mis le pié, que le nombre des nouveaux convertis y est très petit, qu'une partie d'iceux ont pris les armes pour la défense commune conjointement avec les anciens catholiques, et surtout je crois que la chose ne manquerait pas de réussir, si mr le prieur était content d'eux, et que l'on en voulut donner un bon certificat, si cela était je crois qu'il faudrait qu'Alègre fit encore un voyage a montpellier, qu’il fut muni des ordonnances et attestations susdites et de quelque ..... et nous lui dresserons ici la requète pour mr l’intendant, ou bien on le ferait à Montpellier mais il faudrait un peu plus recourir les soins de mr de ..... . Ce n’est ici comme vous dites que commencement d’embarras, et les choses iront plus loin si Dieu n’y met ordre. Je serais bien aise d’avoir une ordonnance générale pour toute la paroisse, par ce moyen personne ne se pourrait plaindre, au lieu qu’une particulière peut attirer beaucoup d’ennemis; et cependant il fallait venir à la demander ....... plus habitant du Chambon, que vous n’y êtes allés que pour exiger nos rentes ..... dont seuls deux vous pourriez avoir de bonnes attestations .... avec les catholiques mais je crains que ce dernier certificat devrait être de celui qui commande cette bourgeoisie; mais comme vous devez comprendre, il serait mieux de faire l’affaire générale pour ne pas entrer dans un débat qui peut avoir des suites facheuses; cependant si vous pouvez aussi les choses (?) qui nous concernent vous pourriez les mander et nous verrions si nous devrions les mettre en usage, cela même pourrait nous servir pour avoir la liberté du port des armes, mais puisque vous les portez actuellement je ne crois pas qu’il y a tant de necessité que vous le dites de le demander, je crois même qu’il sera difficile de .... encore au retour de mr le maréchal. J’essayerai de faire la tentative si je vois le bureau favorable. Vous avez bien fait de bailler les 5 livres pour le soldat de Portes puisque le cousin Robert l’a fait, il ne faut pas se distinguer. Surtout prendre soin de conserver les papiers qui étaient dans les .... du coffre que je fermais à ma chambre et les autres qui étaient au cabinet ou j’écrivais ..... partie au coffre que nous avons chez Louis Polge .......

On nous assure qu’Antoine de la Roque fut celui qui fit .... notre cave l’année dernière en qualité de consul et qu’il prit ou fit prendre le vin. Si cela est, nous en pourrons avoir quelque remboursement, Alègre nous dit aussi que le même fut dans la maison il y a quelque temps et qu’il prit et attacha dans la maison même Marie femme du coutelier qui fut exécuté et qu’il la fit fusiller, aprends moi ces deux articles et pour cause

Pas d'original

14 mars 1704

Ordre de mr du Villar commandant à Genouillac et aux environs

Du Villar lieutenant colonel chevalier de l’ordre royal de St Louis commandant pour le service de sa majesté à Genouillac et aux environs

il est ordonné à tous les habitants de la paroisse de Sénéchas de marcher à main armée et en troupes toutes les fois qu’il leur sera ordonné par les sieurs de Tarabias et Ronzier que nous avons nommés pour leur commander et auxquels nous adresserons les ordres qu’il conviendra au bien du service et pour la sureté de la paroisse et de leurs voisins ordonnant par exprès à tous les habitants d’obéir aud sr de Tarabias et Ronzier en tout ce qu’ils leur commanderont pour le service du roi à peine de punition exemplaire. Fait à Genouillac ce dix-sept mars mil sept cens quatre du Villar

Nous lieutenant colonel chevalier de l’ordre royal St Louis commandant des troupes pour sa majesté qui sont à Genolhac et aux environs

Il est ordonné aux porteurs du présent billet d’aller chercher tout présentement le corps du sieur Jaussaud du Redarès qui a été tué par les rebelles attroupés aux limites de la paroisse de Castagnols et celle de Genolhac, prions tous ceux qui sont à prier de les laisser passer et repasser sans empêchement fait à Genolhac ce 20 mars 1704 Du Villar

Pas d'original

Mémoire des noms des officiers des quatre compagnies de bourgeoisie formées dans la paroisse de Sénéchas et des lieux que chacun desdits officiers commanderont, fait ce 30 mars mil sept cens quatre

1° Mr de Tarabias capitaine

Sr Antoine Robert du Chambon lieutenant

Sr Jean Dumas de Dieusse sous-lieutenant

Sergents Pierre Dumas du Martinet neuf, Antoine Reboul du mas Escudier

Commanderont les lieux de Tarabias, Chamboredon, Chareneuve, Cornac, les Bousiges, le Chambon et le Martinet neuf

Mr Ronzier de Vern capitaine

Sr Jean du Barry dud Vern lieutenant

Sr Louis Herail Bouissonade dud lieu sous-lieutenant

Sergents, Jean Dumas du Caissol, Jean Castanier de Vern et Pierre Polge dit Jubissière

Commanderont les lieux de Vern, Dieusse, Chambovernis, le Tailhier, le Rigal et Grissou

Le Sr Balmes des Fontanilles capitaine

Sr Antoine Chamboredon de Sénéchas lieutenant

Sr Pierre Fabrègue des Brugèdes sous^lieutenant

Sergens, Antoine Aberlenc de Rouils, Michel Polge de Sénéchas et Jean Antoine Reboul des Brugedes

commanderont les lieux de Sénéchas, Fontanilles, Rouix et Brugedes

Sr Jean Nicolas de Chalapt capitaine

Sr Antoine Polge greffier des Martinenches lieutenant

Sr Antoine Polge des Champs sous lieutenant

Sergeznts Jean Polge dit Pupille de Chalap, Jean Polge des Malenches et Bertrand dit Coulettou de Chalap

Commanderont Chalap, Martinenche et Malenches

Du Villar lieutenant colonel chevalier de l’ordre royal St Louis commandant à Genolhac et aux environs, certifions avoir ordonné que les compagnies dont les noms des officiers sont ci-dessus seraient établis dans la paroisse de Sénéchas, ordonnons aux habitants de lad paroisse d’obéir exactement à tout ce qui leur sera commandé pour le service du roi par leurs dits officiers et d’être exacts à se rendre au rendez vous qu’ils leur donneront pour s’assembler en cas d’alarme à peine de punition exemplaire. Fait à Genouillac ce dernier mars 1704 Du Villar

Lettre de mr du Villar commandant à Genouillac et aux environs à mr Ronzier de Vern

A Genouillac ce 13e avril 1704

Quand il tomberait des alebardes, je compte monsieur de trouver au pont du Rastel à minuit votre troupe en bon état et vous à la tête. Quand vous ne serez au pont de Rastel qu’à 1 heure après minuit, cela suffit

Je suis monsieur votre du Villar

Tout ce qui est avant a été vérifié

A Nîmes ce 18e avril 1704

Nous venons de recevoir votre lettre du dernier du mois passé, je suis surpris que vous n’ayez pas reçu la mienne qui était datée environ du même temps, mr de Felgeyroles l’adressa dans la sienne à mr de Tarabias ou au cousin Robert, elle répondait à toutes vos précédentes; je suis surpris que vous nous écriviez avec du papier si petit, on a peine à déchiffrer ce que vous y mettez tant à cause du papier que de l’encre qui ne vaut rien. Vous nous marquez autant que j’en ai pu lire que vous devez faire bailler de l’argent à mr de la Fabrège, vous faites fort bien de tenir la main que Cousaret lui paye les 65 livres qu’il doit pour la capitation puisque les autres l’ont payée vous ne pourrez pas vous dispenser d’en faire autant, et si nous ne sommes pas trop taxés, il ne faut pas se faire plus tirer l’oreille, voyez aussi qu’il s’en puisse trouver pour vous un peu de temps car nous en aurons besoin attendu les grandes dépenses que je suis obligé de soutenir; j’espère que mon père pourra bientôt monter, il semble que les affaires se préparent à changer de face, il se donna hier et avant hier des grands combats dans la Vaunage ou l’on dit qu’on a défait un très grand nombre des camisards, on croit qu’il y en a plus de mille de tués, et qu’on en tient encore un nombre considérable d’investis; on en a envoyé donner la nouvelle au roi par un des officiers du premier rang; si cela est comme on n’a pas lieu d’en douter le calme pourrait revenir, nous attendons cependant monsieur le maréchal de Villar qui vient commander et qui restera dans Nimes en famille, de meme que mr l’intendant qui doit arriver ce soir, nous étions à la veille de faire une nouvelle enceinte à notre ville, et le prix fait en est déja donné, mais peut etre que cette défaite changera les choses et nous épargnera la dépense des nouvelles murailles qui auraient agrandi la ville de plus du double, pour ce qui est de la dépense de la ha... je ne crois pas que vous la deviez faire fort grande, il ne faut faire que le necessaire et dont on ne peut pas absolument se passer, pour ce qui est de mettre l’eau au bea... si elle coute cher il n’y faut entrer pour rien, puisque c’est une dépense presqu’inutile et qui n’a jamais été de mon gout, mais s’il ne s’agit que de quelque journée pour nous il ne faut pas s’attacher à peu de choses, pour ce qui est de la muraille qu’on veut faire dans l’écluse, nous permettons bien qu’elle se fasse, mais à cette condition que nous la fairons démolir quand il nous plaira, stipulez bien cela car il n’y a pas apparence que le moulin reste longtemps comme il est. Toute la famille vous salue, nous saluons tous nos parents et amis, je suis toujours votre père bien affectionné Roure

Lettre de Mr du Villar commandant pour le roi à Genouillac et aux environs à mr Ronzier de Vern (manque original)

A Genouillac ce 20e avril 1704

Je compte Monsieur que vous aurez informé mr le prieur et mr de Tarabias que mon intention est que vous marchiez demain avec toute votre bourgeoisie et celle de Chamborigaud qui vous joindra au Pont de Rastel une heure avant jour et que vous alliez tous ensemble occuper les hauteurs de Tremièges, Fegirairolles, le Crespon et autres d’ou vous pourrez découvrir les rebelles qui se sauveront du côté de Vialas ayant disposé des troupes qui doivent battre Nojaret, Gourdouze, Polimes, Solerairolles et Tourières, les miquelets viendront par l’Aubaret, le Massefert, le villaret et Castagnols, ainsi tout ce qu’il y aura en cette paroisse de cette canaille ne saurait nous échapper pourvu que chacun fasse son devoir comme je m’assure que vous et votre paroisse le ferez; partez sans attendre d’autre ordre, il faut que vous ayez occupé les hauteurs marquées avant que je parte d’ici, aussi il faut que votre troupe soit au pont du Rastel une heure avant le jour. J’écris à mr de Salze de vous y joindre avec sa troupe; quand ils n’y seraient pas, marchez toujours, faites savoir à tous nos amis que la troupe de Cavalier a été entièrement détruite et lui blessé, on avait même cru l’avoir tué ayant eu son cheval et son manteau. Il est resté six cents de ses gens sur la place, dont toute sa cavalerie est du nombre. Mr le maréchal de Montrevel a fait cette expédition et mr de Lalande est à la poursuite des fuyards. Faites passer cette lettre à mr le prieur et à mr de Tarabias. Pendant que ces scélérats sont en désordre, il faut les écraser, vous ferez brûler toutes les maisons où ces coquins peuvent se giter, exceptée celle du sr La Motte qui a commencé de la faire découvrir; j’entends celles qui sont de la paroisse de Castagnols, il ne faut rien faire à Altairac ni dans la paroisse de Genouillac. Je suis monsieur votre etc Du Villar

29 avril 1704, mr Pic du Collet à mr Ronzier de Vern capitaine de bourgeoisie

J’ai vu Monsieur la lettre que vous avez écrit à mr Chabert notre beau-frère au sujet du bétail a laine et chèvres que messieurs de la bourgeoisie m’enlevèrent au-dessus de ma métairie de Fontbonne et qu’on trouva dans une cabane qu’il y avait en une pièce de Chastanet appelée le grand bos et ce n’est pas une supposition mais bien une vérité constante; Si j’avais l’honneur Monsieur, d’être connu plus particulièrement de vous comme je l’étais de feu monsieur Castanier votre oncle et de feu mr Leyris votre beau-^père qui étaient mes intimes amis, ils m’auraient fait cette justice que je ne suis pas une personne à me plaindre sans sujet ni à demander que ce qui m’appartient justement; il faut avouer monsieur que je suis bien malheureux j’ai été pillé par trois fois par les scélérats et bandits qui m’ont aussi brulé trois maisons au Collet compris celle de mon beau-frère en telle sorte qu’on m’a réduit à la dernière misère, et de voir encore que la bourgeoisie au lieu de me protéger m’enlève ce qui me reste, cela m’est bien sensible d’autant plus par rapport à tout ce que j’ai fait pour la religion et pour l’état depuis le commencement de ces malheureuses affaires de quoi mgr de Basville est pleinement persuadé ainsi Monsieur je vous prie de contribuer à me faire faire justice et me mander par cet expres du moins une partie de mon bon bétail. Il y avait dix moutons que je n’aurais pas baillé moins de 60 livres. J’étais parti de Portes dans le dessein de me donner l’honneur de vous aller voir. Mais comme je suis à pied la montée avec le chaud m’ont fait du souci, c’est pourquoi je vous envoie mon reçu de trente bêtes à laine ou chèvres parce que j’espère de votre bonté que vous me ferez justice comme ayant l’honneur d’être d’un parfait attachement, Monsieur votre très humble et très obéissant serviteur Pic

a Chamborigaud le 29e avril 1704

Chamborigaud le 29 avril 1704. Quittance du sr Pic aux bourgeois de Sénéchas du bétail qu’ils lui avaient enlevé

Je soussigné confesse avoir reçu en conséquence de l’ordre de mr de Villar colonel d’infanterie et commandant les troupes qui sont en quartier à Genouillac de monsieur Ronzier de Vern capitaine de bourgeoisie trente betes à laine moutons brebis et chèvres que les soldats de la bourgeoisie de Senechas et Vern m’avaient pris et emmené de ma métairie de Fontbonne m’appartenant en propre de quel bétail je les quitte

A chamborigaud le vingt neuvième avril mil sept cent quatre Pic

Pas en original

Lettre de mr du Villar commandant à Genolhac et aux environs à mr Ronzier de Vern

A Genouillac ce 14e mai 1704

Les rebelles ont enfin imploré la clémence du roi et en attendant que sa Majesté ait réglé leur destinée, il y a ordre de ne faire sur ces malheureux aucune course ni acte d’hostilité sous peine de la vie, faites je vous prie que vos peuples soient exacts à se conformer à cela, sans rien diminuer de votre exactitude pour la garde accoutumée pour la sureté de votre canton, je suis monsieur entièrement à vous du Villar

Pas en original

Mémoire du sr Antoine Ronzier de Vern écrit dans son journal. Nota : je n’ai pris de ce mémoire que ce qui concerne les troubles occasionnés par les religionnaires dits camisards.

Nous, Antoine Ronzier fils et héritier de feux Jean Ronzier et Suzanne Castanier pour rendre graces à Dieu de m’avoir conservé ma famille et mes voisins du grand danger ou nous avons été exposés par les malheureux rebelles appelés camisards fanatiques qui le second de février de l’année mil sept cent trois après avoir fait plusieurs autres désordres brûlèrent l’église de Chamborigaud et la maison claustrale dud lieu et le dix septième dud mois ou brûlèrent la plus grande partie des maisons dud lieu et de la Rebierette, notament les maisons de sr Pierre Chabert notaire mon beau frère dont ils tuèrent le cuisinier, les maisons de feu sieur Leyris mon beau père, de Louis Ronzier mon frère de Banne, tuèrent ma belle-soeur sa femme, sa rentière et environ vingt huit hommes, femmes et enfants, jusques à un enfant de trois mois qu’ils attachèrent à un arbre où ils lui tirèrent plusieurs coups de fusil et avaient dessein de fondre sur nous et notre paroisse, mais par sa grace Dieu nous a conservé et donné le courage d’aller contre ces rebelles accompagné de nos voisins et autres de cette paroisse qui me fesaient l’honneur de me suivre pour nous opposer aux passages et mauvais desseins de ces malheureux tant de notre mouvement qu’en exécutant les ordres que nous avons reçu de sr de Marcelly colonel d’infanterie, de M Julien maréchal de camp, de mr du Villar, de mr des Bordes, tous commandants à Genouillac et aux environs comme on pourra voir dans les ordres qu’ils m’ont adressé tant pour la conservation de cette paroisse que pour les suivre dans les détachements pour aller chasser les rebelles dud Genouillac et pour aller dans les paroisses voisines pour détruire ces malheureux, j’ai promis de faire dire annuellement à environ la Saint Antoine une messe dans l’église de Chamborigaud en action de graces de ce que Dieu nous a conservés et préservé de ces méchants et pour la prospérité des vivants de ma famille et autres mes parents et amis, priant mes héritiers de suivre ma volonté après ma mort et d’exhorter les leurs à en faire de même voulant que le présent que j’ai écrit et signé de ma main ce vingt cinquième septembre mil sept cens quatre leur serve de mémoire Ronzier

Fin des papiers originaux Robert

Prise de Rolland un des chefs des rebelles

Copie de la lettre écrite par mr de Parat à mr de Lalande

d’Uzès ce 14e août 1704

Je crois monsieur que vous serez bien aise que j’ai l’honneur de vous donner avis que nous sommes en possession du cadavre de Rolland et de cinq vivants des principaux de sa troupe, ils étaient 9, 3 se sont sauvés, Catinat est du nombre; il y a six semaines que je machinais la prise de ce fameux rebelle et de sa suite; aujourd’hui à deux heures du matin j’ai été informé qu’ils étaient dans le chateau de Castelneuf, malgré mes sueurs et ma faiblesse, je me suis jeté hors du lit pour faire marcher tous les officiers d’infanterie, ne comptant pas sur l’expérience et la vigilance des dragons, je ne saurais trop donner de louanges à mr de Costebadi et à tous les officiers du régiment de Charolais qu’il commande.

Je puis vous assurer monsieur que le gros de la troupe de Rolland est à Lasalle, il est à croire que cet échec la déroutera, la faiblesse dans laquelle je suis m’empeche de vous en dire davantage.

Soumission de Cavalier l’un des principaux chefs des protestants révoltés

Copie des nouvelles données par mr de Basville à mgr l’éveque d’Alais

De nîmes le samedi 17e mai 1704

Cavalier chef des rebelles s’est entièrement soumis et sans aucune condition il vint hier dans cette ville conduit par un gentilhomme nommé de Dalies et par mr de Lalande pour se mettre entre les mains de mr le maréchal de Villars sans autre condition que d’implorer la clémence du roi; il doit assembler toute sa troupe le premier juin à Calvisson et y attendre l’ordre du roi soit pour sortir du royaume ou pour servir dans ses armées si sa majesté l’a agréable ou faire tout ce qui lui sera ordonné, il répond de tous les autres chefs. Mr le maréchal de Villard a envoyé un second courrier pour recevoir les ordres du roi sur la destinée de ceux qui sont entièrement soumis.

4 aout 1699

mr Chabert notaire de Chamborigaud sur la prise d’un ministre protestant faite par sr Maurice Ronzier

Voici mr mon très cher beau-frère une lettre que je viens de recevoir dans ce moment de laquelle vous apprendrez le sujet du voyage de mon cousin votre frere qui a fait une action des plus hardies qu’on puisse parler mais par la faute et imprudence du sieur Dumas lieutenant de prévot à la maréchaussée de Nîmes elle n’a pu enl’effet qu’on eut 1 mort. Il n’y a pas de sa faute et il y a lieu.....qu'il .....sera bien récompensé, du moins il le mérite bien car ils ont risqué de leur vie pour le soutien de la foi et de l'estat on le leur fait espérer, elle ne sera pas si grande que je leur souhaite comme vous pouvez croire le sieur Leyris de la Croix-Rouge qui m’a rendu la lettre de mon neveu Blazin qui vient de St Geniès m’a dit plusieurs particularités qui seraient trop longues à vous exprimer je le ...(trou)... demain avant la messe si vous prenez la peine..... un peu matin comme je vous le prie car je .... de vous voir. Je trouve hier une lettre de Chabert du .... de ce mois qui me marque que mr de Tourières y était allé a tout nié (?) qu’il en devait revenir le lendemain que c’était le 6 de ce mois qu’il y avait apporté notre proces (?) pour s’en instruire et elle lui faisait espérer que dès son retour je le raporterai et qu’il avait connu de faire bonnes intentions pour nous et monsieur de ...lui en fasse la grace et à moi de vous pouvoir témoigner de quel zele et attachement je suis monsieur mon très cher beau-frère votre très humble et très obéissant serviteur

Chabert

Ce 14 e aoust 1699

Je souhaite le bon jour à ma soeur et à toute la famille a qui je vous prie de faire de cette nouvelle et d’une envoyer ma lettre

Je soussigné prêtre et curé de l’église de St Jean Baptiste de Malbosc dans le diocèse de Viviers, certifie a tous qu’il apppartiendra que sieur François de Pages advocat et Jeanne de Leyris mariés (dans la marge : anciens catholiques Lobier pretre et curé) sont habitants dans cette paroisse depuis le temps de leur mariage qui fut le septième jour de février 1703, lad de Leyris habitante cy devant et originaire du lieu de l’Apostoli paroisse de Génolhac, ny ayant habité ny même ne pouvant pas y habiter a cause des troubles et brulements qui furent faits de sa maison paternelle et autres deux maisons l’une appelée l’Aubaret et l’autre Montclar, icelles situées dans le diocèze d’Uzès, lesd mariés habitant aud Malbosc dans la maison du père dud sieur Pages, ou tous conjointement payent capitation aud diocèse de Viviers, en foi de ce ai fait le présent certificat pour leur servir en ce que de raison fait aud Malbosc ce vingt cinquième juillet mil sept cens cinq Lobier pretre et curé de Malbosc

Nous vicaire général de monseigneur l’illustrissime et reverendissime Eveque et comte de Viviers certifions à tout qu’il appartiendra que le sr Loubier pretre qui a signé le susdit certificat est... de Malbosc au présent diocèse de Viviers et qu’en cette qualité foy peut et doit estre adjoutée a son seing ... en foy de quoy nous avons fait le présent certificat vingt sept juillet 1705

Signature illisible


Si vous avez trouvé de l’intérêt à ce texte, aidez-nous à développer ce site : envoyez-nous des documents ou études si vous le pouvez, participez à notre souscription, etc

 

Eglise de Saint-Paul-La-Coste

8 septembre 1702

Verbal contenant exposition et vérification sur les sacrilèges, vols et dommages faits à l'église et maison claustrale de la paroisse de St Paul Lacoste (AD 34 C182 f° 260-264)

 

L'an mil sept cent deux et du vendredi huitième jour du mois de septembre dans la ville d'Alais maison et par devant nous Jean de Bertrand sieur de la Bruguière, docteur es droits, juge général de la ville et Comté d'Alais, commissaire délégué par Monseigneur le Comte de Basville Conseiller d'Etat ordinaire, Intendant du Languedoc, heure de deux après midi,

Ont comparu Mrs Charles Carnot prêtre et curé de St Hilaire de Brethmas, promoteur au diocèse d'Alais, et Pierre Descamps prieur de St Paul Lacoste audit diocèse, lequel sieur Descamps la main mise sur sa poitrine a promis de dire vérité, nous a dit qu'ayant été averti depuis deux jours que plusieurs scélérats Nouveaux convertis des Cévennes avaient passé armés dans sa paroisse en plein jour, en diverses bandes, et avaient pris le chemin du bois de Malebouisse en ladite paroisse, et qu'ils devaient la nuit suivante aller surprendre et égorger le Sr Castagnier capitaine de bourgeoisie et ses soldats aux lieux de Générargues et St Sébastien tout près ledit bois où il est avec sa compagnie par ordre de Monseigneur le comte de Broglio, et qu'ils devaient ensuite venir à l'église et maison claustrale dudit St Paul, ledit sieur prieur envoya Pierre Chardon ancien catholique de sa dite paroisse, rentier de nous dit de la Bruguière, à Monsieur d'Aiguines gouverneur de la présente ville et fort d'Alais, pour l'en avertir, environ le soleil couchant, lequel ayant trouvé ledit sieur gouverneur dans la maison de monsieur le marquis de la Fare où il y soupait, il lui donna avis de tout ce dessus, et le pria de donner les ordres nécessaires pour éviter que lesdits scélérats ne pussent rien entreprendre sur la vie dudit sieur Castagnier et ses soldats, ni contre son église, maison claustrale et sa personne, lequel Chardon lui ayant rapporté qu'il avait donné ledit avis audit sieur gouverneur et se fiant à sa vigilance, il aurait laissé tous ses vases sacrés et ornements dans son église, où il les tenait depuis longtemps, de même que tous ses meubles dans sa maison sans les déplacer, les croyant en sureté par l'avis qu'il en avait fait donner audit sieur gouverneur, mais ayant vu le jour d'hui jeudi environ une heure de nuit qu'il ne venait aucune troupe pour empêcher les susdites menaces, l'exposant aurait été obligé de se retirer de sa dite maison et d'aller hors de sa paroisse pour y être en sûreté dans la maison du martinet d'Olympie, ayant entendu quelque bruit du côté dudit bois de Malabouisse, et ce jourd'hui bon matin étant retourné dans sa maison et église pour y dire la sainte messe, étant la fête de la Nativité et la Ste Vierge, y étant arrivé avec son clerc qui l'avait suivi, il avait trouvé le grand portail et une petite porte qui ferme la basse cour de l'église et de sa maison brisée, comme aussi une petite porte qui entre dans un petit vestibule qui joint ladite église, et qui fait partie de la maison, dans lequel vestibule il y a une petite porte par laquelle on entre de ladite maison à l'église brisée aussi, et étant entré dans son église, il y a trouvé les fonts baptismaux en pièces, la cuvette ou l'on tient les eaux baptismales par terre, le devant d'autel et cadre brisé, le grand tableau à terre coupé à coups de haches, le tabernacle en partie doré brisé en diverses pièces et jeté par terre, et qu'on avait emporté le ciboire, soleil et boite à porter le Saint Sacrement aux malades qui étaient d'argent, la chaire à prêcher rompue et le confessionnal aussi bien que le bénitier, les chaises qui étaient dans l'église rompues et l'armoire où l'on tient les cremières enfoncée et rompue et les cremières qui étaient dedans emportées, et de là étant entré dans la sacristie il y avait trouvé le garde robe bois noyer enfoncée, les chasubles et aubes à terre, et qu'on avait enlevé et emporté le calice d'argent qui était dedans, deux nappes fines servant à l'autel, six corporaux baptiste d'Hollande, six purificatoires, trois .... , un voile taffetas vert, un serpilière, ayant vu à terre la croix processionnelle faussée, et étant sorti de ladite église et entré dans ladite maison claustrale, il avait trouvé toutes les portes, trois coffres et un grand garde robe enfoncées, on lui a pris quantité de ...., nappes, et serviettes, environ quatre douzaines de chemises, sa vaisselle d'étain et cornuaille ouvré, y en ayant environ un quintal, dix cannes serge filoselle et laine, enfoncé le coffre de sa nièce et emporté tout son linge, cinq fusils (en marge : quatre desquels appartiennent audit Pierre Chardon), une livre de poudre et une livre de petits carrés de plomb, sept louis d'or neufs, cinq écus neufs, huit livres monnaie, et dix écus vieux, la plupart de ses livres brûlés avec les actes et papiers de l'église, aussi bien que les papiers qui lui servaient en son particulier, et toutes les ordonnances moulées, enfoncé la porte de son grenier à blé, rompu toute sa vaisselle de terre et bouteilles de terre qu'il avait, et emporté un garniment de lit de serge tout neuf, et y étant descendu à sa cave il a trouvé la porte enfoncée, qu'on lui avait percé un tonneau de vin qu'il y avait et qu'ils en avaient bu une grande partie, emportèrent ou y mangèrent quatre grosses miches de pain et environ quinze livres petits fromages lavés, et en se retirant ils abbattirent une grande croix de mission qui était à trente pas du grand portail de ladite église et maison sur le chemin royal qu'ils ont jeté dans un champ, et comme c'est un sacrilège inoui qui mérite la plus sévère de toutes les punitions, ledit sieur Carnot promoteur prenant le fait et cause dudit sieur Descamps prieur par l'ordre qu'il en a reçu du clergé du diocèse, il nous requiert de lui vouloir octroyer acte de l'exposition à nous faite par ledit sieur Descamps et de nous vouloir transporter audit lieu de St Paul église et maison claustrale dudit lieu pour vérifier les susdits désordres et enlèvements sacrilèges et ensuite dresser verbal sur ce qu'il nous en apparaitra, et ont signés

Descans r, Carnot promoteur, La Bruguière cons.

...

8 septembre 1702. Verbal contenant exposition et vérification sur les sacrilèges, vols et dommages faits à léglise et maison claustrale de la paroisse de St Paul la Coste

Nousdit commissaire conformément à notre précédent appointement avons offert nous transporter tout présentement à l'église et maison claustrale dudit St Paul pour faire la vérification requise

Et étant partis en même temps avec lesdits sieur Carnot promoteur et Descamps prieur pour aller à ladite église et maison claustrale dudit St Paul accompagné de notre greffier [dans la marge : et de Pierre Drulhon et Jean Arbousse du lieu de Malataverne, parr. de Cendras], et être arrivés à une petite terre qui joint le grand portail de la basse cour de ladite église et maison, nous y avons trouvé une grande croix de mission peinte en rouge par terre brisée en deux endroits, et de ladite terre étant allés au grand portail de ladite basse cour, avons trouvé la porte qui ferme la basse cour de l'église et maison brisée, et une autre porte qui entre dans un vestibule qui joint ladite église, la fermeture et ladite porte ayant aussi été brisée, et étant entrés dans ladite église y avons trouvé les fonts baptismaux renversés et brisés, avec la cuvette où l'on tient les eaux baptismales à terre, le devant de l'autel et cadre brisé, le grand tableau étant à terre, et reconnu avoir été coupés avec des instruments tranchants, le tabernacle en partie doré brisé en diverses pièces étant à terre, la chaire étant à l'église servant à prêcher rompue, comme aussi le confessionnal et le bénitier, avec quelques chaises qui étaient dans ladite église dans laquelle nous n'y avons pas trouvé le ciboire, soleil et boite servant à porter le saint sacrement aux malades à la campagne, ayant trouvé l'armoire où l'on avait les crèmières enfoncée et rompue, ne les ayant pas trouvées dans ladite armoire ni dans ladite église.

Et étant ensuite entrés dans la sacristie de ladite église, y avons trouvé un garde robe bois noyer enfoncé, les chasubles et aubes étant à terre et n'y avons pas trouvé le calice où ledit sr prieur a dit tenir d'ordinaire dans ledit armoire, n'y ayant aussi trouvé aucune nappe servant à l'autel, corporaux, purificatoires, ... voiles ni surplis, et trouvé à terre la croix qu'on se sert pour faire les processions toute faussée,

Et de là serions entrés dans la maison d'habitation dudit sieur prieur joignant ladite église, et trouvé toutes les portes enfoncées, quatre coffres et un garde robe aussi enfoncés, sans y avoir trouvé aucun linge, ni vaisselle d'estaing et cornuaille, ni les dix cannes serge filoselle que le dit sieur prieur nous a dit luy avoir été emporté, poudre ni plomb ni aussi aucun fusil, n'y ayant aussi été trouvé aucun or ni argent, ni aucun papiers, ayant aussi vérifié avoir été enfoncée la porte de son grenier a blé et n'avoir été trouvé aucun garniment de lit en serge

Et de là serions descendus à la cave de ladite maison et trouvé la porte avoir été enfoncée, y ayant vu un tonneau de vin en perce, et reconnaissant avoir été jeté à terre .

Signatures

Déposition d’anciens camisards, intégrés après leur reddition dans la compagnie franche du sieur Ollivier

Texte retrouvé et communiqué par Maguy Calvayrac.

 
AD34C186.237
Information
Du mercredi cinquième novembre mil sept cent quatre
Pierre Soujol, du lieu de Canaules, soldat de la compagnie franche du sr Ollivier, âgé de 28 ans ou environ, témoin assigné par exploit aujourd'hui fait par [blanc] huissier ainsi qu'il a fait apparoir de sa copie après avoir prété le serment a promis dire vérité
Enquis s'il est parent, allié, serviteur ou domestique d'aucune des parties
A dit que non
Et du contenu en la plainte du procureur du Roi, dépose que le sieur Ollivier son capitaine suivant les ordres à lui donnés s'occupe le plus souvent avec toute sa compagnie dans laquelle le déposant est soldat à chercher dans les villages les camisards qui s'y sont retirés sans pourtant s'être rendus suivant la volonté du Roi, et que ce faisant, il y a environ huit jours qu'étant allés à la métairie de Mr de Boucoiran qui est dans le terroir de Vézénobre, ils auraient arrêté le nommé Claude Benezet dudit Vézénobre qui travaillait à la terre, lequel ils auraient obligé par caresses de rendre son fusil qu'il alla chercher dans un buisson où il l'avait caché, qu'il y a cinq ou six jours qu'ils arrêtèrent le nommé Jean Granier de Lézan qui travaillait au lieu de Canaules, lequel ne leur rendit que son épée, que dimanche dernier ils arrêtèrent Habran Pouissac, maréchal à forge du lieu d'Aigremont dans les rues dudit Aigremont, lequel ne leur remit aucune arme disant n'en avoir point, le déposant connaissant les sus-nommés pour camisards pour les avoir vus dans la troupe des camisards tous armés, et même avoir vu que ledit Pouissac a ferré plusieurs chevaux des camisards, les connaissant très bien parce qu'il a resté quelques temps parmi les camisards, et qu'ayant reconnu l'abus de ces malheureux il s'est rendu il y a quelques temps sous l'obéissance du Roi, et plus n'a dit savoir, mais ce dessus contenir vérité, lecture faite a persisté et a signé

Jean Malguès du lieu de Canaules, soldat de la compagnie franche du sr Ollivier, âgé de trente ans, témoin assigné par le susdit exploit ainsi qu'il a fait aparoir de sa copie après avoir prêté serment a promis dire vérité
Enquis s'il est parent, allié, serviteur ou domestique d'aucune des parties
A dit que non
Et du contenu de la susdite plainte dépose que le sieur Ollivier son capitaine avec toute sa compagnie fait des recherches par les villages pour découvrir les camisards qui s'y sont retirés sans s'être rendus suivant les ordres du Roi, et il y a environ huit ou neuf jours qu'étant allés à St-Jean-de-Ceyrargues ils arrêtèrent les nommés Denis Servian de Navacelles, Jean Roux d'Aubussargues et Nicolas Pontier de Mons, lesquels ne leur rendirent point des armes, disant n'en avoir pas, que le lendemain ils arrêtèrent au lieu de St-Hippolyte de Caton le nommé François Fontanes de Monteils dans la maison de son maitre aussi sans armes, il y a environ sept ou huit jours qu'ils furent à la métairie de Mr de Boucoiran située dans le terroir de Vézénobre où ils y arreterent le nommé Claude Bénézet de Vézénobre qui travaillait à la terre, lequel par bonnes paroles leur rendit son fusil qu'il fut quérir dans un buisson où il l'avait caché, qu'ils arrêtèrent il y a quelques jours Jean Granier de Lézan qui travaillait au lieu de Canaules, lequel leur rendit son épée disant n'avoir pas d'autres armes, et que dimanche dernier ils arrêtèrent dans le lieu d'Aigremont Habran Pouissac, maréchal à forge dudit lieu, lequel ne leur remit aucune arme disant n'en avoir pas, et dit qu'il connait lesdits Servian, Fontagnie, Roux, Pontier, Bénézet, Granier et Pouissac pour être des camisards parce qu'il les a vus dans la troupe des camisards portant les armes, lui qui dépose ayant resté parmi les camisards pendant environ deux ans, desquels il s'est retiré il y a quelques temps ayant connu l'abus et s'est rendu sous l'obéissance du Roi, dit aussi qu'il a vu quelques fois ledit Pouissac a ferrer dans sa maison de chevaux des camisards et plus n'a dit savoir mais ce dessus contenir vérité, lecture faite a persisté et n'a su signer de ce requis

Interrogatoire de Janot Lafont

(AD34, C189.658)

Interrogre

Du 27 e Aout 1709

A nous mandé venir pardevant nous lacuzé sy apres nommé de luy serement pris de dire veritté

Interrogé de son nom surnom age qualitté demeurre et religion
A dit quil sapelle Jean Lafon du lieu de St Marcial dioceze de St Flour en Auvergne agé de vingt six ans tisserand de cadis que depuis quil a la cognoissance il a esté toujours de la Religion Pretendue Reformée
Luy avons prononcé que nous luy faisons le procès en ...(formule juridique pas claire)

Interrogé sil na esté avec les camisards a dit quouy

Interrogé depuis quel temps il y a esté et dans quelle troupe
A dit quil croit quil y a environ six a sept ans ne se souvenant pas precisément du temps quil se mit dans les troupes de la Rose avec lequel il resta très peu de temps parce quil etoit malade que sa maladie fait cause quil ne se remis pas comme les autres

Interrogé qui lobligea daller avec les camisards
a dit quetant au lieu de St Martin de Cansalade travaillant de son mestier chez le nommé Geminard il passa une troupe de camisards commandée par Castanet qui le prirent par force et lamenerent avec eux et luy firent promettre de ne les point quitter ce que luy qui repond leur promit quils lescrivirent sur un rolle et voulurent le faire signer ce quil ne voulut pas faire

Interrogé sy pendant le temps quil a resté avec la Rose il na esté au brullement des eglises et au massacre des pretres
A dit que non et quil ny a jamais esté

Interogé sil ne sest trouve dans des combat qui se soit donnés entre les troupes du roy et les camisards
A dit qu'il se trouva dans un combat qui se donna pres le Pont de Monvert au lieu apellé le Pradal ou Mr de Jullien les batit, et ou lui qui repond fut blessé, quil s'est trouvé encore au combat de la tour du Bilhot ou Salamon, Joanni, Lallemand et Cavalier commandoient

Interrogé ou il a esté depuis ce temps la a dit que depuis ce temps la il se trouva un jour avec Castanet long dun chemin du costé de Saumane quils feurentpoursuivis par les troupes que Mr de Lalande commandoit quils se sauverent a la fuitte et ou il feut encore blessé

Interrogé quon ce quil a fait du depuis
a dit qu'il se retira de la troupe quil demura plus de dix mois incomodé de ses blessures que quand il feut guéri il travailla a laterie (la terre?) en divers endroits

Interrogé pourquoy est ce que sestant retiré il ne se remit à l'obéissance du roy
A dit quil n osa se presenter (?) devant les puissances

Interrogé si depuis ce temps la il na fait le mestier de Predicant
A dit quouy quil y a environ dix huit mois quil fait le mestier de Predicant

Interrogé sy depuis ce temps la il na convoqué des assamblées pour prescher et en quels endroits
A dit quil a demuré dans le Desert que plusieurs personnes ly venoit voir mesme des gens quil ne connoissoit pas que quand ils etoint assamblés ils faisoient la priere et apres leur faisoit une exortation quil a fait cella plusieurs fois dans les Cevennes et pres des lieux de st estienne de st martin de bobeaux et du colet de Deze quil ne peut pas nommer ceux quil y a cognu pour ne mettre pas le peuple en desordre

Interrogé de quoy il vivoit pendant le temps quil demeura au desert
a dit que quand il alla avec les camisards il avoit de largent quon luy en donnoit lorsquil avoit fait les prieres et les exortations quil alloit dans les villages et meteries voisines achchaipter des vivres

Interrogé qui a esté avec luy pendant les dix huit mois
adit quil estoit avec le nommé Jean Abric, Mazelet du lieu de Soudorgues, le nommé Deshons du mesme lieu de Soudorgues qui feut tué que Maselet le quitta ne sachant ce quil est devenu

Interrogé syl na esté avec Claris a dit quil na jamais esté plus de trois jours avec luy

Interrogé en quel endroit il la veu a dit quil la veu deux fois une fois pres de Sauve et une autre fois pres de St Ippolitte quil y a environ dix a onse mois quil ne la point veu

Interrogé ou est ce quil se tient ordinairement Clary
A dit quil nen scait rien et quil prend des grandes precautions pour se cacher

Interrogé sy pendant le temps quil etoit avec Clary ils ne faisoient des projets pour troubler le pais et faire revolter le peuple
A dit que non et quils ne faisoient que prier Dieu

Interrogé di Clari etoit seul et qui etoit avec luy
A dit que le nommé Bonbonnoux quil croit etre de Quissac et le nommé Antoine quil ne connoit point autrement et ne scais dou il est etoit avec Clary

Interrogé si pendant le temps quil courroit dans le bois des Sevenes il ne portoit darmes
A dit que quatre mois apres avoir quitté les camisards il ne portoit point darmes

Interogé sil na connu le nommé Porteeffroy
a dit quil a bien ouy parler de luy mais quil ne le connoit point

Interogé sil na jamais esté a la ville du Vigan
A dit quavan d'aller avec les camisards il y a esté souvant aux foires mais que depuis il n'y a jamais esté

Interogé sil ne se trouva point au murtre du Sr Daudé juge du Vigan
A dit que non ni Jean Abric son camarade aussi, mais que setoit le nommé Fidel qui sapelloit aussi Abric qui se trouva a cet assassin.

Interogé a qui il la ouy dire
Adit quil la ouy dire aud Fidel luy mesme et au nommé Léveillé qui se mit ensuite dans la troupe de Rolland et y feu tué qui etoient tous deux aud assassin(at).

Interogé ou il a resté depuis six mois
A dit quil a toujours esté dans les Cévenes jusques environ trois jours avant quil feu aretté

Interogé avec qui il a resté dans les Cevenes pendant ce temps la
A dit quil a resté avec led Jean Abric et de Cordes qui est du lieu de St Dionisy dans la vaunage;

Interogé depuis quand led De cordes sest joint avec eux;
A dit que c'est depuis six a sept mois quil les rencontra dans un chemin ou ils parlerent ensemble et ayant seu de leur bouche qui ils etoient il dit quil ne vouloit point les quitter

Interogé sils nont esté tous trois ensemble dans la derniere revolte du Vivares
A dit quil en a bien ouy parler mais quil ny etoit pas quil a veu entre les mains dud Cordesse une lettre escritte de ce pais la et envoyée aux puissances que led Decordes luy leut

Interogé si les revoltés du Vivares ne leur avoit escrit de se venir joindre avec avec eux ils navoient fait dessein dy aller
A dit que non ce que depuis environ deux ans quil a commancé daprendre a lire et prescher il a fait dessein de ne porter plus des armes et de se remettre a la volonté de Dieu et des puissances

Interogé pourquoi est ce quil a quitté les Cevennes pour venir en ce pais
A dit que De Cordes vouleut y venir et les y entrrena que luy qui repond avoit fait dessein de ny pas venir depuis lassamblée quil si tint a Nismes

Interogé sy luy qui repond et les autres deux netoient a lassamblée de Nismes
A dit que non

Interogé sy luy qui repond et ses deux camarades netoient venus des Cevenes a dessein de se trouver a une assamblée qui sest tenue pres de Sommieres ses jours passés et syls ny ont presché
A dit que non

Interogé sy le nommé Decordes nest predicant aussi bien que luy qui repond et Abric
A dit que led Cordes et luy qui repond ni led Abric ne sont pas de grands predicants quils se melent seulement de faire des prieres et des exortations

Interogé sy led (Cordesse ?) a fait plusieurs exortations
A dit quil croit quil en a fait deux ou trois fois parce que luy qui repond a esté malade pendent quelques temps et nalloit pas avec eux

Interogé en quel endroit il a resté malade et qui luy donna retraitte pendant ce temps la
A dit quil resta malade dans un roché qui est dans un bois pres de la ville d'Alais et que led Abric luy portoit a manger

Interogé ou est ce quil a esté arreté
A dit quil a esté aretté au lieu de Milhau pres de Nismes dans lescurie dune maison apartenant au nommé Pagès qui est un habitant dud lieu

Interogé syl y avoit long temps quils etoient dans cette maison lors quils feurent arettés
A dit quils arriverent le soir et feurent arretés le lendemain matin

Interogé sils ne connaissoient pas particulierement led Pages et sy led Pages ne les connoissoitaussi
A dit qu'Abric ny luy qui repond ne le connoissoient point que Cordets le connoissoit parce quils avoient breullé ensemble esté au service

Interogé si Cordets ne fit pas confidance aud Pages quabric et luy qui repond etoient des camisards
A dit quil nen sait rien

Interogé sy le soir et avant se coucher ils ne firent la priere et lexortation en présence dud Pagès et de toutte sa famille et quil setoit dit lexortation
A dit que non et que nul des trois ne fit la priere ny lexortation quils se coucherent meme sans manger

Luy avons representé six livres de nouveau testament ou predications et interogé de nous declarer sy ce ne sont pas les mesmes qui ont esté trouvés sur luy quand il a esté aretté
A dit apres les avoir veus et examinés quil na esté trouvé qu'un des six livres sur luy qui commance ces mots sur le livre de Job a finit Pas cest mot leurs accusés les serment fit

Interogé sil na seu les sermons et sil netoit un de ceux qui preschoient
A dit que non quil ne scait point escrire ny lire la lettre de main mais seulement la lettre moulée que de Cord luy avoit baillé ce livre pour aprendre la lettre escritte a la main (en marge: du depuis a dit quil a fait escrire led sermon aud Cordets quil avoit tiré dun livre de sermons imprimés)

Cefait avons paraffé led livre par premiere et derniere page de nous signé led prevenu ne sachant

Luy avons encore représenté un papier plié dans un petit linge ou il a de la poudre grisatre et interpellé de nous declarer quil est cette poudre et a quoy on sen sert
A dit apres avoir veu et examiné cette poudre que cest la meme qui sest trouvé dans sa poche quun jeune garcon quil ne connoit pas layant trouvé dans le bois malade luy donna cette poudre et luy dit que sil en prenoit dans du vin et de leau il se soulageroit quil en a pris et la soulagé que ce garçon luy montra encore d’une certaine herbe qui luy dit etre la meme qu’il la fit sécher et mettre en poudre que cestoit bon pour son mal

Exorté de dire la veritté
A dit lavoir ditte

Lecture faitte a persisté et ne seu signer ainsy quil la affirmé

Recolement

du 28e aout 1709

Jean abric tisserand de sarges natif du lieu de Mandagout pres le Vigan age de vingt quatre ans ou environ et luy serement pris de dire veritté et apres avoir denie lesd generaux interrogatoires et ordonnancesa luy donnés a entendre et scavoir sil est parent allié. serviteur ny domestique daucune des parties a esté recollé a linterogatoire et reponses par luy ...devant nous le 26e du mesme mois desquels lecture luy ayant esté faittte et apres avoir recogneu ses seings cy apposés etre veritables a dit que ces reponses contiennent verité ny vouloir ajouter ny diminuer sauf que quand les troupes etoient a Calvisson ils etoient huit armés ensemble quils passerent au devant le Vigan que Cordesse na fait des exortations que dans le bois depuis quil est avec luy a ceux qui venoient lentendre ajoutte encore que luy abric se trouva au combat auquel le sieur Viala juge du lieu de St Jean de gardonnenque et son fils feurent tués quil feut luy qui fit prisonnier le Sieur Maisonblanche Capne des grenadiers et qua sa priere Rolland luy donna sa liberté quil a esté encore a deux combats qui se donnerent pres de Sumene que pendant le temps de quil a resté avec les camisards il a porté toujours les armes, quil a esté le second soldat a la compagnie de Rolland et que depuis quil a quitté Salette il na pas porté les armes ce quil soutiendra a tous quil aye droit Lecture faite a persisté et signé

Jean Lafon du lieu de St Martial dioceze de St Flour en Auvergne tisserand de cadis agé de vingt six ans de luy serment pris de dire veritté et apres quil a eu denié etre parent allié serviteur ny domestique daucune des parties a esté recollé a linterogatoire et reponses par luy prestés devant nous le 27 dud mois desquels lecture luy ayant esté faitte a dit que ses reponces contiennent veritté ny vouloir ajouter ny diminuer sauf que ces peres et meres etaient antiens catholiques quil a esté elevé dans cette religion jusques a l'age de neuf ans; quil vint dans ce pais et demeura avec des religionnaires au lieu de St Martin de Bobeaux chez le nommé Baduel et autres lieux qui lobligerent a croire la religion pretendue reformée ce quil soutiendra avec le surplus de ses reponses a tous quil appartiendra lecture faitte a persisté et a affirmé ne scavoir signer et du depuis a ajoutté que le nommé Le Prince qui est d'un lieu de la montagne dont il ne sest pas le nom qui est petit de taille cheveux chatains a resté avec luy pendent un an et la quitté depuis dix huit mois ne sachant ou il a passé (note en marge: et que pendant le temps quil luy Lafont a esté dans les troupes on lapelloit Janot). Lecture faitte a persisté et na seu signer ainsi quil la affirmé

Antoine Courdesse fils de Jaques Courdesse habitant du lieu de St Dionisy age de dix neuf ans aud prisonnier iceluy serment pris de dire veritté et apres avoir denié etre parent allié serviteur ny domestique daucunes des parties a esté recollé en l'interogatoire et reponses par luy festes devant nous ce 27e du present mois desquels lecture luy ayant esté faitte et apres avoir recognu ses seings cy aposés etre veritables

a dit ses reponses contenir veritté ny vouloir ajouter nydiminuer et le soutiendra a tous quil appartiendra Lecture faitte a persisté et signé

Antoine Pages travailleur de terre habitant du lieu de Milhaud agé de soixante ans prisonnier et luy serement pris de dire veritté et après avoir dénié etre parent allié serviteur ny domestique d'aucunes des parties a esté recollé en interrogatoire et reponses par luy prestées devant nous le 27e du present mois desquels lecture luy ayant été faite a dit ses reponses contenir veritté ny vouloir ajouter ny diminuer sauf que quand Cordesse ariva et entra dans l'escurie il estoit minuit et qu'un momant apres ils feurent arettés par les troupes Ce quil soutiendra avec ce surplus et des reponses a tous quil appartiendra Lecture faitte a persisté et na seu signer

Marie Bastide famme dantoine Pages travailleur de terre du lieu de Milhau agée de cinquante ans prisonniere serement pris de dire veritté et apres avoir denié etre parente alliée servante ny domestique daucunes des parties a esté recollée en interogatoire et reponses par elle ....devant nous le 27eme du present mois desquels lecture luy ayant esté faitte a dit ses reponses contenir veritté n'y vouloir ajouter ny

Omettre ( ?) les soutiendra a tous quil appartiendra Lecture faitte a persisté et na seu signer ainsi quil la affirmé

Ainsi procédé par nous Loys,

Par monsieur Roumieu

Mémoire sur le camisard Jean BOULET

AD34, C188.70

Mémoire

Jean Boulet du lieu de St Césaire de Gauzignan a esté un des chefs des rebelles et des plus mauvais dès le commencement de la révolte avant l'affaire de Vagnas. Il s'est rendu le dix du mois d'octobre dernier et pris un billiet de pardon de Monsieur le Maréchal de Villars.

Dans le mois de novembre il sortit du royaume avec Jalaguier et Fidel autres chefs des rebelles, fut nourri à Nismes, reçut de l'argent et fut conduit sur une route jusques à Genève aux dépens du Roy.

Pendant son séjour dans cette ville il fit plusieurs voyages en divers lieux des environs dont on ne sait pas le détail du depuis, et dans le mois de décembre dernier, il est revenu en province, s'estant accompagné depuis Genève du nommé Mourgues de Lézan dont le père fut tué par les fanatiques, dragon dans le régiment de Lestrade de la compagnie de Mr de Boucairan lieutenant-Colonel, jusques à Villeneuve d'Avignon où il négocia un passage dans le Comtat pour lui et ceux qu'il devait mener, après quoy il partit pour Nismes.

D'où il est allé par son propre aveu entre St Césaire de Gauzignan et Vézénobre et y a resté quelques jours toujours dans le bois et à la campagne, n'ayant eu commerce qu'avec le nommé François du lieu de Vézénobre, berger de Mme de Calvière. Il est à propos de le faire arrester pour estre interrogé sur la réponse dudit Boulet, ce qui peut donner quelque éclaircissement sur l'assassinat du sieur Caüsel [pour Cahusac, curé blessé par des soldats qui en voulaient à son argent semble-t-il. Pendant quelques temps on crut à une agression de camisards].

Après ce séjour Boulet est revenu à Nismes, on ne sait point tout le manège qu'il y a fait, mais il est constant que les nommés Paul Barry, Henry Paul et Guibal charron dudit Nismes ont eu part à sa conduite.

Il parait clairement que le nommé Boulet était revenu en province avec plus d'un dessein, c'est un émissaire envoyé pour examiner l'estat des affaires, la disposition des peuples pour donner des nouvelles et rallumer le feu de la sédition, et c'est dans cette vue que l'assassinat du vicaire de Vezenobre a esté commis s'il est un des auteurs.

On ne peut du moins douter qu'il ne soit guide puisqu'il l'avoue par sa réponse.

Henry Paul a paru très dangereux et un espèce de prédicant très fanatique, sa fréquentation avec ledit Boulet est prouvée par sa réponse.

Les nommées Jeanne Roque femme d'Izaac Lapierre et Marie Roques sa soeur sont deux anciennes catholiques mais bien plus mauvaises que les plus insignes camisards. Leur dessein était d'aller à Genève ou à Lozane faire une abjuration publique de la religion catholique. Leur réponse est remplie de mensonges et opposée à celle de Boulet et de Pau qui avouent le commerce qu'ils ont eu ensemble, on ne voit qu'une mauvaise foi dans tout ce qu'elles ont dit.

Il y a des preuves que Jeanne Roque a payé le soupé pour les deux jeunes hommes qu'elle nie de connaître, que Marie sa soeur a esté au soupé et qu'ils ont couché dans la mesme chambre, ce qui marque la fausseté de leur réponses sur ces articles.

Il y a aussi des témoins que le nommé Boulet fut à Villeneuve il y a plus d'un mois pour conclure un marché de passage pour une quinzaine des gens suspects qui devaient sortir du royaume.

Comme aussi que le nommé Henry Pau donna de l'argent pour faire passer ledit Boulet et les deux femmes qui ont été arrêtés le six du présent mois de janvier.

Il parait nécessaire d'entendre le nommé Mourgues dragon de mr de Boucairan qui demeure à Lézan et qui a fait le voyage de Genève à Villeneuve avec ledit Boulet qui peut en savoir quelque particularité.

Le nommé Paul Barry ménager de la ville de Nismes demeurant à la Carreterie mérite d'estre incessamment arresté tant par le commerce qu'il a eu avec ledit Boulet que par les raisons expliquées dans la lettre qu'on a eu l'honneur d'escrire à Monsieur de Basville.

On peut tirer quelque éclaircissement du nommé Guibal de Nismes, charron de son mestier, beau-frère de Jeanne Roque qui a eu commerce avec lesdits Boulet et Pau.

Nota que Jeanne et Marie Roques doivent être interrogées sur leurs noms parce qu'il est marqué dans le certificat de mr de Varangle Conseiller du troisième du mois de janvier que Jeanne Roque est femme de Louis Jonquet, et Marie femme d'Izaac Lapierre, cependant Marie a nié dans sa réponse d'estre ni mariée ni fiancée.

Condamnation de Jean-Pierre Buis

Source privée

Nicolas de Lamoignon etc

Entre le procureur du Roy demandeur en réparation de crime de lèze Majesté au second chef, attroupement, assemblées illicites avec port d'armes, sédition et s'être défendu contre les troupes du Roy d'une part,

Et le nommé Jean Pierre Buy du lieu de St Julien diocèse de Viviers prisonnier deffendeur,

Vu avec les sieurs officiers du présidial de Montpellier les procédures etc

Nous, de l'avis des sieurs officiers du présidial avons ledit Jean Pierre Buy dit St Julien déclaré et déclarons duement atteint et convaincu des cas mentionnés au procès, pour réparation de quoy le condamnons à être pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'ensuive à une potence qui pour cet effet sera dressée à la place de l'esplanade de cette ville*, son corps mort y demeurer vingt quatre heures ; déclarons tous et chacun ses biens acquis et confisqués au Roy, ledit Jean Pierre Buy préalablement appliqué à la question ordinaire et extraordinaire pour avoir révélation de ses complices, le condamnons aux dépens du procès

fait à Montpellier ce 8 juin 1711

signé : Delamoignon,, Bornier président et juge mage, Loy subdélégué rapporteur, Jausserand, Carquet.

*Montpellier

Interrogatoires de Jean-Pierre Buis

mai 1711

AD34 C190.337
De Tournon le onzième mai mil sept cens onze
Interrogatoire et réponses de Jean Pierre Buis dit S. Julien
Avons mandé venir par devant nous un homme portant perruque, vêtu d'un drap obscur, duquel le serment pris. Interrogé de ses nom, surnom, age, qualité, religion et demeure
A dit se nommer Jean Pierre Buis dit St Julien du lieu de Granges paroisse de St Julien la brousse, de la religion pretendue réformée, charpentier, agé d'environ trente années.
Interrogé depuis quel temps il est prisonnier et en quel lieu il a été arrêté
A dit qu'il fut arrêté il y a environ trois semaines par un détachement des troupes du roy entre les villages de Versoix et Coupé
Interrogé si après avoir demeuré longtemps dans le pays étranger il n'en revint au mois de mars de l'année mil sept cens neuf après avoir concerté de contribuer à un soulèvement des nouveaux convertis dans le Vivarais avec Abraham, Biliard et Dupont avec lesquels il s'était donné rendez vous dans led pays
A nié l'interrogatoire et dit qu'ayant servi de muletier le sr de Chazel en Espagne, il revint chez lui dans la paroisse de St Julien au commencement de l'année mil sept cent neuf, niant d'avoir vu Abraham, Biliard et Dupont ni su qu'ils dussent venir en Vivarais
Interrogé s'il n'était avec ces trois hommes lors de l'assass. commis en la personne de mr de Vocance le treise mai de lad année
A nié l'interrogatoire et dit qu'il ne savait pas qu'ils fussent en Vivarais, n'ayant su la mort de mr de Vocance que par un bruit public répendu dans la paroisse de St Julien
Interrogé s'il n'a été dans la troupe de camisards commandée par Abraham, Billiard et Dupont
A avoué l'interrogatoire
Interrogé dans quel temps il s'engagea dans cette troupe
A dit qu'il fut conduit par un tailleur de la paroisse de St Fortunat au chateau des Bos lorsque les camisards y étaient et que dès lors il ne les quitta plus
Interrogé s'il n'était un des chefs de la troupe et de la confidence d'Abraham
A nié l'interrogatoire et dit qu'Abraham ne se fiait qu'au fils ratier (?) Garnier et Serpoulet
Interrogé s'il n'était un des brigadiers de lad troupe des camisards et s'il ne fut chargé du détail de la distribution du pain aux soldats de la brigade
A avoué l'interrogatoire
Interrogé s'il ne fut dans la bataille contre les Suisses au lieu de la Bastie paroisse d'Issamoulenc et si les chefs de cette troupe n'avaient des intelligences avec les sergents des Suisses
A avoué le premier article de l'interrogatoire et dit sur le second qu'il ne sait pas si les Suisses avaient des intelligences avec les chefs des camisards, mais que la première troupe qui était sur la hauteur de la montagne ne voulut pas se battre ni tirer
Interrogé s'il ne fut dans la bataille donnée sur la hauteur de St Fortunat par un détachement de trente Suisses et deux compagnies du régiment de Duboulay par le sr de Lacaze major du régiment de Duboulay
A avoué l'interrogatoire
Interrogé s'il n'était aussi dans la bataille donnée sur la montagne de Leirisse
A avoué l'interrogatoire
Interrogé pourquoi les camisards furent au devant des troupes et attaquèrent le régiment de Quercy, puisqu'ils l'avaient vu venir d'une lieue et qu'ils avaient le temps de se jeter dans le bois de Pierregourde et d'éviter les troupes du roi
A répondu qu'Abraam ayant aperçu les troupes dit à celle qu'il commandait qu'elle était entourée de tous les cotés de la manière dont monseigneur le duc de Roquelaure avait disposé celles qu'il avait fait venir et qu'il était à propos d'attaquer celle qui paraissait, après quoi il verrait le parti qu'il y avait à prendre
Interrogé en quel lieu se retiraient les camisards qui avaient échappé de cette bataille
A dit qu'ils se retirèrent à la faveur de la nuit dans le fond du bois de Pierregourde tout effrayés de la grande perte qu'ils venaient de faire de leurs plus braves soldats et de la crainte dans laquelle ils étaient d'être poursuivis, la plupart disant à Abraam qu'ils voulaient se disperser, mais qu'Abraam leur dit que s'ils se séparaient ils périraient tous les uns apres les autres et qu'ils devaient aller en corps dans le bois de Rozet où chacun prendrait son parti; sur quoi ils passèrent le lendemain l'Eirieu, se rendirent dans la paroisse de St Cierge, d'où ils rétrogradèrent dans le bois de Pierregourde, prirent la route de la montagne, mais qu'ayant appris qu'il y avait des troupes ils se rendirent dans la maison de Fonréal à dessein de gagner le bois de Rozet et de se dissiper chacun ou il pourrait, parce qu'ils n'étaient plus en état de paroître et tenir la campagne.
Interrogé si le répondant ne fut dans la bataille donnée à Fonréal.
A répondu qu'étant arrivé aux Fonreal avec sa brigade et les autres camisards, il en partit pour aller à Bart voir ses cousines et que comme il en revenait il vit que les troupes attaquaient les camisards et se sauva du coté de Gluiras ou il se tint caché sous un rocher au lieu de Courbines, et y fut joint bientôt après par Abraham et Billard
Interrogé s'ils firent du séjour au lieu de Courbines et quelle route ils prirent ensuite
A répondu qu'ils n'y demeurèrent que trois jours après lesquels ils se rendirent dans le bois de Monnet, paroisse de Serres; d'où après sept ou huit jours pendant lesquels Abraham se faisait penser, le répondant, Abraam, et le nommé Crote dit Coutas partirent ensemble pour les Cévennes sans armes, furent coucher à Villeneuve, la deuxième nuit à Barjac, et la troisième nuit dans une maison seule servant de cabaret près d'un chateau au lieu de Fontcouverte situé entre Uzès et Alais ayant été délibéré entre eux qu'Abraam et Crote resteraient dans les Cévennes ou Abraam était certain de ne pas être découvert et que le répondant reviendrait en Vivarais ce qu'il fit
Interrogé pourquoi le répondant fut envoyé en Vivarais, les conférences qu'il y eut, les personnes avec lesquelles il était en relation et quel y fut son séjour
A répondu qu'il ne fut chargé d'aucun ordre de la part d'Abraam, qu'il ne fit aucune négociation dans le Vivarais, qu"'au contraire il s'y tenait caché dans les bois ou chez ses parents et qu'il y resta quatre ou cinq mois, après lesquels il retourna dans les Cévennes avec son frère nommé Claude Buis, mais que n'ayant pu trouver Abraam il revint en Vivarais et fut chez Jacques Chambon qu'il connaissait parce que les camisards avaient passé chez lui.
Interrogé s'il n'était chargé de la part d'Abraam de parler à Chambon
A nié l'interrogatoire et persévéré de dire qu'il n'avait pu le rencontrer dans son dernier voyage en Cévennes, mais que Chambon pressa le répondant d'aller dire de sa part à Claris de venir en Vivarais et qu'il attendait de ses nouvelles; sur quoi le répondant se mit en chemin pour se rendre à Uzès où s'étant adressé au sieur Saussine que Chambon lui avait indiqué il fut conduit par une parente dud Saussine dans une petite maison appartenant à Saussine située dans une vigne à la portée de fusil de la ville d'Uzès. Il y rencontra led Saussine et Claris auxquels ayant dit qu'il était venu expressément de la part de Chambon pour solliciter Claris de venir en Vivarais et de lui donner de ses nouvelles, Claris partit pour aller joindre Abraam et le répondant se rendit à Uzès avec Saussine dans sa maison, de laquelle ils furent le lendemain tous les deux ensemble chez la nommée Lafonte dont la maison est située assez près de la ville d'Uzès dans laquelle ils rencontrèrent Abraam et Claris et le nommé Coste marchand d'Uzès, lesquels lui demandèrent la situation et les dispositions des peuples du Vivarais. Sur quoi le répondant leur dit qu'il y avait beaucoup de troupes et que chacun les appréhendait, après quoi Claris donna trente louis d'or en pièces au répondant pour remettre à Chambon et de lui dire qu'ils lui livraient par la poste l'usage qu'il devait en faire, Claris ayant encore donné au répondant la somme de dix livres pour son voyage lui recommandant d'être fidèle
Interrogé s'il n'a été chargé dans d'autres occasions d'argent et lettres pour Chambon et pour d'autres personnes en Vivarais
A nié l'interrogatoire
Interrogé si lorsqu'il remis les trente louis d'or à Chambon iceluy ne lui déclara que c'était pour le commencement de la dépense d'un soulèvement qu'il ménageait, et si Chambon ne l'envoya dans plusieurs maisons ou pays de la part d'Abraam et Claris
A nié l'interrogatoire
Interrogé si pendant le séjour qu'il a fait dans la maison de Chambon il n'y a vu des principaux habitants des Boutières
A dit n'y avoir vu que le nommé Salomon de la paroisse de Marcols, Brunel dit Chabrières de la paroisse de St Julien et le nommé Louis de lad paroisse ou de celle de St Fortunat, lesquels Brunel et Louis étaient en toute relation avec led Chambon et ses confidents
Interrogé s'il n'était dans la maison de Chambon lorsqu'il fut arrêté à St Pierreville et si d'abord le répondant, Brunel, le nommé Louis et Reimondon de la paroisse de St Fortunat ne ramassèrent les papiers concernant le projet d'un soulèvement et ne les portèrent dans une cassette au ruisseau qui est à côté de la maison dud Chambon
A avoué l'interrogatoire et dit qu'il a appris que le ruisseau ayant été enflé par les pluies, avait entrainé la cassette
Interrogé où il était lorsqu'Abraam et Coste furent tués
A dit qu'il était chez Chambon même encore lorsque la tête d'Abraam fut portée à Vernoux ou Chambon fut expressément pour la reconnaitre et à son retour il dit au répondant que c'était véritablement la tête d'Abraham
Interrogé si depuis la mort d'Abraam et les exécutions de Claris et de Chambon, il n'a été à Genève pour susciter des chefs à revenir dans le pays pour y renouveler des troubles
A nié l'interrogatoire et dit qu'il n'était allé à Genève que pour se tirer du Vivarais et dans le dessein de demeurer avec Jean Pierre Buis son oncle charpentier résidant à Veuvay en Suisse où il allait lorsqu'il a été arrêté
Lecture à lui faite de ses réponses a dit qu'elles contiennent vérité, repeté par lecture faite y a persisté et n'a su signer de ce requis

Deuxième interrogatoire et réponses de Jean Pierre Buis dit St Julien
De Tournon le onzième may mil sept cens onze
Avons mandé venir par devant nous Jean Pierre Buis dit St Julien duquel le serment pris
Interrogé de ses noms, surnoms, age, qualité, religion et demeure
A dit se nommer Jean Pierre Buis dit St Julien du lieu des Granges paroisse de St Julien la brousse, de la religion pretendue réformée, charpentier, agé d'environ trente années.
Lui avons déclaré que nous lui faisons le procès extraordinairement par recolement et confrontations de témoins pour être jugé par monseigneur de Basville nous commettant avec tel présidial qu'il voudra choisir en dernier ressort et sans appel en exécution de l'arrêt du conseil d'état du 25 février 1703, duquel arrêt lui avons fait faire lecture par notre greffier
Interrogé pourquoi il sortit de la maison de Chambon une cassette pleine de papiers et la porta au ruisseau, si ce n'est parce que ces papiers contenaient le projet de la révolte qu'Abraam, Claris et Chambon voulaient renouveler dans le Vivarais, comme aussi parce que les noms de ceux qui entraient dans ce projet étaient écrits
A répondu que lui, Brunel, le nommé Louis et Reimondon ne sortirent cette cassette de la maison qu'à la prière de la nommée Louise, qui y résidait et qui leur dit que les papiers les plus importants de la maison étaient dans cette cassette et qu'il était à propos de les cacher le long du ruisseau, le répondant ajoute que la cassette était fermée à clef et qu'il ne sait ce qu'il y avait dedans, mais que deux jours après étant retourné sur les lieux pour retirer cette cassette il trouva que le ruisseau avait été si extraordinairement débordé que l'eau s'était étendue beaucoup au-dela de l'endroit où la cassette avait été placée
Interrogé par quel ordre il était retourné sur les lieux pour prendre cette cassette
A répondu que personne ne lui dit d'aller chercher la cassette, et qu'il ne fit cette démarche que par amitié pour Chambon pour conserver les papiers de sa maison et d'en le dessein de remettre la cassette au pouvoir du sr la Caumette de Brueis ancien catholique son voisin
Lui avons représenté qu'il ne dit pas la vérité et qu'il est très probable que n'étant arrivé des Cévennes que depuis peu de jours et ayant remis de l'argent à Chambon de la part de Claris et Abraam il n'était chez lui que pour l'exécution d'un projet de soulèvement négocié par le répondant et pour lequel projet Chambon atteint et convaincu a été ensuite exécuté à mort
Interrogé de quels ordres et commissions le répondant a été chargé de la part d'Abraam et de Claris lorsqu'ils l'ont envoyé à Chambon
A répondu qu'ils ne le chargèrent d'autre commission que de rendre les trente louis d'or à Chambon et de lui dire qu'ils lui livreraient par la poste
Interrogé si le répondant n'a été solliciter plusieurs personnes dans le Vivarais de prendre les armes, même encore s'il n'a eu plusieurs conférences avec les srs de Colognac, de Furne, Ribes, Delarbre, Salomon, Fuzier, Lafont et autres chefs des Boutières
A nié l'entier interrogatoire
Interrogé s'il ne suivait les marchés du pays pour y parler aux gens de sa faction
A répondu n'avoir pratiqué les foires et marchés depuis le temps qu'il prit parti avec les camisards
Interrogé s'il n'est vrai que son emploi principal était de faire des recrues aux camisards
A nié l'interrogatoire
Interrogé s'il n'a conféré avec Brunel et Reimondon et autres à Genève pour revenir en Languedoc et y causer des troubles
A répondu ne s'être occupé à Genève qu'à travailler de son métier et dit que le nommé Louis qui est de la paroisse de St Fortunat ou celle de St Julien le Roux lui fit confidence quelques jours avant que le répondant fut arrêté, qu'il venait du Vivarais et qu'il s'en allait trouver l'envoyé d'Angleterre à Berne, et ensuite passer en Angleterre, d'où il rapporterait tout au moins mille pistoles pour les porter en Languedoc, et qu'il verrait Cavalier
Interrogé si le répondant n'était parti de Genève pour passer en Piémont et prendre des mesures avec des réfugiés pour recommencer les assemblées et les attroupements dans les Cévennes et le Vivarais
A répondu qu'il allait à Veuvay à dessein d'y demeurer avec son oncle et ne jamais revenir dans la troupe des rebelles
Interrogé s'il n'a été en relation avec des habitants du Dauphiné qui avaient formé des projets pour des attroupements
A répondu n'en avoir connu qu'un homme qu'il a vu en dernier lieu à Genève par le moyen du nommé Louis, et duquel il ne sait pas le nom, qui lui dit que puisqu'il était dans la troupe des camisards et dans leur parti ils se verraient bientôt et qu'il allait en Angleterre pour y prendre d'argent et le porter à son retour à des gens qui étaient bien intentionnés pour leur religion
Interrogé s'il n'a des parents à Loriol par le moyen desquels il avait des intelligences en Dauphiné et s'il n'y a passé plusieurs fois depuis le commencement des affaires des camisards
A répondu que Moyse Roure dit Lacombe cabaretier et boulanger résidant à Loriol est son cousin germain, mais qu'il ne l'a jamais employé pour ces sortes d'affaires, ayant passé deux fois de ce côté là sans le voir parce qu'il sait que led Roure son cousin n'approuve pas sa conduite
Interrogé dans quel bac il traversait le Rhône lorsqu'il allait en Dauphiné
Arépondu avoir passé une fois au Pouzin et une autre fois à Beauchastel, sans que personne lui demande de passeport
Lecture à lui faite de ses réponses a dit icelles contenir vérité, repeté après lecture faite y a persisté, n'a su signer de ce requis, suivant l'ordonnance, et a été remmené dans la prison

361
Interrogatoire du dix septième mai mil sept cens onze (probablement à la citadelle de Montpellier)
Avons mandé venir par devant nous l'accusé ci âprès nommé de lui serment pris de dire vérité
Interrogé de son nom, surnom, age, qualité et demeure
A dit qu'il s'apelle Jean Pierre Buy dit Saint Julien du lieu des Granges paroisse de St Julien la Broche diocèse de Viviers menuisier agé de trente ans ou environ, de la religion prétendue réformée
Lui avons prononcé que nous lui faisons le procès en dernier ressort d'autorité de mr l'intendant en exécution des arrêts d'attribution de juridiction
Interrogé depuis quand il est sorti du royaume
A dit qu'il y a environ douze ou quatorze ans qu'il sortit du royaume avec le nommé Rousson son cousin qui est du lieu de St Jean Chambre en Vivarais, qu'ils allèrent tous deux ensemble à Lausanne, qu'il laissa son cousin à lad ville d'ou il n'a bougé du depuis et que lui qui répond alla à Vauvay qui est une ville du canton de Berne où il a un oncle qui s'apelle Jean Pierre Buy menuisier de son métier où il demeura environ neuf ans travaillant de son métier
Interrogé quelles connaissances il fit dans la ville de Vauvay
A dit qu'il connaissait presque tous les habitants de lad ville à cause du long temps qu'il y avait séjourné
Interrogé s'il ne connaissait personne de ceux qui se mèlent en ce pays là des affaires de religion
A dit que dans ce temps-là on ne parlait presque point des affaires de religion
Interrogé pourquoi il quitta lad ville de Vauvay
A dit qu'il alla à Lausanne pour y travailler de son métier dans des boutiques d'autres menuisiers qu'il y demeura un an, qu'après ce temps là le sieur de la Chabane qui est un Suisse du lieu de Mondon du canton de Berne qui est de la religion prétendue réformée et officier dans les troupes du roi le mena avec lui en France servir en Catalogne, qu'il demeura avec lui pendant un mois tout le long de la route, seulement que quand il fut en Catalogne il gagna sa vie à vendre du brandevin, été mis ensuite avec le sieur de Chazel de la ville de Nîmes pour muletier avec lequel il demeura pendant deux campagnes, qu'après l'avoir quitté il s'en revint dans led lieu de Granges en Vivarais où il resta pendant huit mois, que son oncle lui ayant écrit de venir le retrouver; en y allant il trouva à Vernoux un jeune garçon nommé Jean Pierre de la paroisse de St Fortunat qui le persuada de ne s'en retourner pas au pais étranger lui disant que le temps changerait, qu'il le mena dans le bois d'Issarle où il trouva Abraam, Billar et Dupont avec environ soixante hommes ou il resta avec eux
Interrogé combien de temps il resta avec lesd Habraam et autres
A dit qu'il y resta environ cinq semaines pendant lequel temps il se trouva dans divers combats, qu'ayant été entièrement défaits chacun prit son parti; que quelques jours après il trouva Habraam et le nommé Couta avec lesquels il demeura encore quinze jours, qu'Abraam ayant voulu venir dans les Cévennes il l'accompagna jusqu'à Béziers où il le laissa et s'en retourna en Vivarais
Interrogé combien de temps il demeura du côté d'Uzès
A dit qu'il n'y demeura que trois jours
Interrogé qui étaient les principaux habitants du lieu de Vals qui étaient les chefs de la révolte,
A dit que c'était led Justet duquel il a parlé cy devant et son frère, les nommés Jacques, Antoine, et Joathy, ne sachant point le nom de leur famille tous lesquels ont obtenu leur grace, qu'il y en avait encore d'autres du lieu de Vals au nombre de plus de trente, desquels il ne sait pas le nom, qu'ils avaient à leur têtte un gentilhomme nommé Du Claux, qui fut tué, le frère duquel a demeuré long temps à la citadelle, qu'il y avait encore le nommé Rattier des environs du lieu de La Mastre, qui est sorti du royaume a ce qu'il croit et est allé en Piedmont avec un de ses frères ne sachant s'il est officier dans les troupes du duc de Savoye,
Interrogé s'il n'était appuyé secretement par des gens de qualité des environs qui ne voulaient pas paraitre,
A dit que non, et qu'il ne conneut que ceux de la troupe,
Interrogé si dans leur troupe il n'y avait des anglais et des hollandais,
A dit que non,
Interrogé si dans le temps qu'il demeurra à Uzès avec Habraam ils n'eurent des conférences avec diverses personnes de qualité de lad ville,
A dit que pendant le temps qu'il demeura à Uzès avec Habraam, ils demeurèrent enfermés dans la maison de la nommée Lafonte qui a un mari travailleur de terre et deux filles grandes de taille;
Interrogé si pendant le temps qu'il était avec Habraam et Justet, il n'attendait du secours d'argent, d'hommes et d'armes, du côté de Dauphiné et des Cévenes,
A dit qu'il n'en a pas entendu parler,
Interrogé s'il n'a pas vu pendant le temps qu'il était dans la troupe des gens de distinction qui étaient du Dauphiné, du Vivarais et des Cevenes,
A dit que non et qu'il n'en a point vu
Interrogé en quel temps il sortit du royaume pour la seconde fois
A dit qu'il en sortit quelque temps avant la fête de la Noel dernière et puis a dit qu'il y a environ un an que Clary l'envoya à Genève pour savoir si l'ambassadeur d'Angleterre était mort comme on lui avait dit
Interrogé pourquoi est ce qu'il en sortit puisqu'il y était en sureté et que personne ne lui disait rien,
A dit qu'il n'osait pas paraitre, que ce fut la raison pourquoi il s'en alla,
Interrogé si ce ne fut Abraham qui l'envoya à Genève pour tacher d'avoir de l'argent, du secours et des armes,
A dit que non que ce fut Clary comme il a dit cy devant, que quand il fut à Genève il trouva que l'ambassadeur était mort, que la Valette à qui il avait ordre de s'adresser était prisonnier, qu'il s'adressa à sa femme, qu'elle alla parler à son mari et lui dit que véritablement l'ambassadeur d'Angleterre était mort, qu'on en attendait un autre, qu'on ne savait pas encore les ordres qu'il porterait, et qu'elle lui conseillait de demeurer en repos, que ce fut la cause qu'il demeura à Genève pour travailler de son métier
Interrogés'il ne fit réponse à Clary et ne lui manda ce que la femme de la Valete lui avait dit,
A dit que non,
Interogé quelles connaissances il fit à Genève,
A dit que quatre mois après qu'il y fut travaillant de son métier la femme de la Valette le vint solliciter de revenir dans le pays pour dire à Clary qu'on lui envoyerait de l'argent, qu'il fit beaucoup de difficulté d'y revenir s'étant accoutumé à travailler, qu'il se laissa gagner à cette femme, qu'elle lui bailla dix livres pour son voyage qu'il en partit environ le mois d'aout dernier
Interrogé si quelque autre personne que la femme de la Valette ne le sollicita pour revenir en ce pays.
A dit que non
Interrogé si la femme de la Valette ne lui dit que cet argent qu'on devait envoyer à Clary était pour exiter une nouvelle révolte
A dit que non et qu'elle ne lui dit autre chose si ce n'est de dire à Clary qu'il lui envoya une adresse pour pouvoir lui envoyer de l'argent,
Interrogé ou est ce qu'il passa le Rhône, a dit qu'il le passa au lieu de Belcastel près de la Voulte où les soldats qui étaient de garde ne lui dirent rien,
Interrogé où il trouva Clary,
A dit qu'il le trouva à Uzès chez un nommé Sausinnes qui est un homme qui a été marchand et qui ne tient pas boutique, et puis a dit qu'il le trouva dans une petite maison de campagne qui appartient aud Sausinnes
Interrogé qui lui indiqua la maison de campagne ou était Clary avec ledit Saussines
A dit que quand il fut à Uzès il s'adressa à la nommée Lafonte chez laquelle il avait demeuré trois jours avec Habraam que Lafonte le mena à lad maison de campagne ou il trouva Clary avec Saussines, et lui dit ce que la femme dud la Valette l'avait chargé de lui dire,
Interrogé combien de temps il demeura dans lad métairie avec Clary et Saussines
A dit qu'il demeura trois jours que pendant ce temps la Habraam y vint, que quand il y arriva il avait déjà reçu une lettre de la part de la Valette qu'il lui avait envoyé de l'argent ne sachant combien que quand il voulut partir Clary lui bailla trente louis d'or en espèce en présence d'Habraam et de Coste, et le chargea de les remettre à Chambon, qu'il lui bailla encore dix livres pour son voyage
Interrogé s'il n'entendit dire à Habraham Clary et Coste que l'argent que la Valette avait envoyé était pour faire soulever des peuples du Dauphiné, du Vivarais et des Cévennes,
A dit que non et qu'ils parlaient ensemble en secret,
Interrogé s'il ne leur entendit nommer les gens du pays avec lesquels ils avaient commerce et qui devaient être de la partie pour faire soulever les peuples,
A dit que non et que quand il voulut demander à Clary à quoi il avait destiné l'argent qu'on lui avait envoyé, il lui répondit qu'il ne voulait pas que personne sut son secret et qu'il leur a oui dire seulement que Durant et Bonbonnoux qui sont encore dans le pays étaient du secret
Interrogé s'il porta l'argent que Clary avait baillé à Chambon et ou est-ce qu'il le trouva
A dit qu'il le trouva à sa métairie ou il lui bailla les trentes pistoles que Clary lui avait baillé,
Interrogé si Chambon était seul quand il lui bailla l'argent,
A dit qu'il le lui remit en présence du nommé Brunet qui est de St Julien le Roux et du nommé Raymondon qui est de la paroisse de Saint Fortunat ou de la Traverse
Interogé pendant quel temps il demeurra à la métairie de Chambon et quelles personnes il y vit pendant ce temps là
A dit qu'il y vit le nommé Rieufort du lieu de Gluyras qui est un homme grand de taille et noiraud, le nommé Salomon qu'il y vit encore un lieutenant qui est en garnison dans un village tout près
Interrogé s'il ne vit dans la maison dud Chambon le nommé Ricome et Tuvulet
A dit qu'il peut les avoir vu mais qu'il ne les connait pas par leur nom,
Interrogé s'il ne porta a Chambon des nouvelles de sa femme qui est à Berne
A dit que non
Interrogé s'il n'a point posté des lettres de Genève à Clary et à Chambon, écrites avec du lait
A dit que non
Lui avons représenté quatre lettres dont l'une est datée de Genève du septième octobre mil sept cent dix et une autre du onzième septembre mil sept cent dix et deux autres sans date et interpellé de nous déclarer si ce n'est pas lui qui répond qui a posté lesd lettres à Clary et à Chambon
A dit qu'il n'a posté aucune lettre ni a Clary ni à Chambon
Interrogé si pendant le temps qu'il ne demeura dans la métairie de Chambon on ne l'appellait l'homme de la Pache qui veut dire un homme de confiance
A dit que si on s'est servi de ce nom il n'en sait rien
Interrogé s'il était encore à la métairie de Chambon lorsqu'Habraam et Coste furent tués
A dit qu'oui
Interrogé que dit Chambon lorsqu'il sut la nouvelle de la mort d'habraam, Clary et Coste
A dit que Chambon dit que ceux-là avaient fait leur course, qu'il ne fallait pas rester pour cela de bien faire
Interrogé si Chambon ne lui fit confidence de la nouvelle révolte qu'on devait faire dans le Vivarais et s'il ne lui dit qu'il devait venir des troupes qui devaient passer par le Rhône et qui devaient se saisir d'un port qu'il en devait venir d'autres de Roussillon et des Cévennes
A dit qu'il a entendu dire à Chambon qu'on lui promettait du secours mais qu'il fallait l'attendre du secours mais qu'il fallait l'attendre de Dieu, et non pas des hommes,
Interrogé si Chambon ne lui dit d'où devait venir le secours si c'était de Hollande, d'Angleterre ou des Cévennes,
A dit qu'il entendit que led Chambon disait que si le duc de Savoie n'attaquait pas le Dauphiné il n'en viendrait jamais à bout,
Interrogé devant quelles personnes led Chambon disait cela,
A dit qu'il disait cela en présence de lui qui répond, de Brunet, du nommé Louis qui est du lieu de St Julien le Roux et Raymondon, ces deux derniers étant du depuis sortis du royaume
Interrogé si Chambon ne nomma pas les gens du pays qui devaient être de la révolte
A dit que non mais qu'il a oui dire a d'autres personnes que le sieur Descourt qui demeure près du lieu de Saint Pierreville devait être de la partie
Interrogé quel chemin il prit pour s'en retourner
A dit qu'il repassa le Rhône à Beauchastel qu'il passa par Roman, et par Chambéry,
Interrogé si quand il fut arrivé à Genève il vit la femme de la Valette,
A dit qu'oui qu'il l'alla voir pour lui donner réponse de tout ce qu'il avait fait en ce pays ici, et lui donna la nouvelle de la mort de Clary Coste et Habraam
Interrogé si la femme de la Valette ne lui donna pas connaissance des mouvements qu'elle se donnait pour recommencer la révolte dans le Vivarais et dans les Cévennes,
A dit que la femme dud la Valette lui dit qu'elle avait reçu des lettres de Durant et de Bonbonnoux qui lui demandaient de l'argent qu'elle attendait les nouvelles d'Angleterre pour leur en envoyer
Interrogé s'il ne vit à Genève les nommés Louis et Raymondon
A dit qu'oui
Interrogé qu"'est-ce qu'ils faisaient à Genève
A dit qu'il n'y avait que cinq ou six jours qu'ils étaient arrivés que Louis lui a dit qu'il voulait aller en Angleterre, et Raymondon travailler de son métier, que lui qui répond leur dit qu'il voulait aller travailler cheez son oncle, que Louis lui demanda s'!il reviendrait en France avec lui en cas qu'il portat de l'argent d'Angleterre qu'il lui répondit que non et qu'il ne voulait plus retourner en France,
Interrogé s'il n'a pas connu à Genève des gens qui sont fomantés par la reine d'Angleterre et par les hollandais pour exciter une nouvelle révolte dans ce pays-ci,
A dit qu'il y a connu un garçon menuzier qui est du côité de Die en Dauphiné, qui a été en ce pays ci porter de l'argent dans les mouvements derniers du Dauphiné qui se nommait Arnaud
Interrogé comment est ce qu'il avait fait connaissance avec led Arnaud
A dit qu'ils travaillaient ensemble, chacun de leur métier dans différentes boutiques et qu'ils se voyaient souvent
Interrogé si led Arnaud n'a pas eu des conférences avec la femme de la Valette
A dit que non mais que led Arnaud lui fit faire connaissance avec un homme dont il ne sait pas le nom et qui est aussi du côté de Die qui est de taille médiocre portant une perruque chatain nouée à deux queues avec des rubans noirs qui partait pour aller en Angleterre chercher de l'argent pour les révoltés, qu'ils burent ensemble, et qu'il lui dit que s'il voulait attendre son retour et revenir en France ils lui porteront des bonnes nouvelles que le nommé Louis dont il a parlé ci-devant partit aussi le lendemain pour aller en Angleterre
Interrogé s'il n'a pas eu de leurs nouvelles depuis qu'ils sont partis
A dit que non
A lui remontré qu'il doit nous dire la vérité sur tout ce qu'il sait des projets qu'on fait pour renouveler la révolte dans les Cévennes et dans le Vivarais et de nous dire le nom de tous ceux qui y ont eu part principalement les gens de distinction, cette affaire concernant l'état du royaume et de la religion,
A dit qu'il ne sait autre chose que ce qu'il nous a dit ci-devant, si ce n'est qu'on a bien à se prendre garde des ambassadeurs d'Angleterre qui sont à Berne et à Turin qui font tenir de l'argent aux nouveaux convertis révoltés
Exhorté de dire la vérité a dit l'avoir dite
Lecture faite a persisté et n'a su signer ainsi qu'il l'a affirmé

Du 21 mai 1711
Avons mandé venir par devant nous l'accusé ci après nommé Clary serment pris de dire vérité
Interrogé de son nom surnom age qualité demeure et religion
A dit qu'il s'appelle Jean Pierre Buis de St Julien compagnon menuisier de St Julien diocèse de Viviers et est de la religion prétendue réformée
Interrogé s'il n'est pas vrai que Clary l'envoya l'année dernière à Genève pour dire à la Valette de lui envoyer de l'argent
A dit qu'environ le mois de mars de l'année dernière mil sept cent dix Clary l'envoya à Genève pour savoir si l'ambassadeur d'Angleterre était mort comme on lui avait dit mais non pas pour lui dire de lui envoyer de l'argent
Interrogé s'il n'en revint le mois d'août suivant et par quel ordre
A dit qu'oui et que ce fut la femme de la Valette qui l'obligea de revenir
A dit qu'elle lui donna ordre de dire à Clari de lui envoyer des adresses à qui elle peut bailler de l'argent pour lui faire tenir
A lui remontré qu'il ne dit pas la vérité puisqu'il n'était necessaire que d'une simple lettre pour donner avis a Clari
A dit qu'elle ne savait point l'adresse de Clary et qu'elle avait peur que la lettre ne fut interceptée
Interrogé s'il ne vint trouver Clary de la ville d'Uzès
A dit qu'oui
Interrogé ou est ce qu'il le trouva et ou il lui parla
A dit qu'il le trouva au mas de Saussines
Interrogé s'il ne trouva Clary à une petite métairie qui est à la descente d'Arpallargues ou le cadet Arnaud et Crotte étaient avec lui
A dit que non et que Clari était seul avec Saussines dans la métairie
Interrogé s'il ne portait deux pistolets de poche qu'il avait acheté à Lausanne
A dit qu'il en avait un qu'il avait acheté à Lausanne et que Clary lui avait baillé l'autre
Interrogé si pendant le temps qu'il demeura à Uzès ou aux environs il n'a été ... à la métairie qui est à la descente d'Arpaillargues ou à celle de la dame Voline (Doline ?)
A dit qu'il a été dans la ville d'Uzès chez led Saussines et dans la maison de Lafonte qui est hors de la ville une portée de fusil
Interrogé si pendant son séjour à Uzès Clary ne l'envoya chez Chambon d'où il revint quinze jours après
A dit qu'oui mais qu'il n'y resta qu'environ dix jours
Interrogé à quel sujet Clary l'envoya chez Chambon
A dit que Clari l'envoya à Chambon pour lui dire qu'il avait de l'argent et lui bailler qu'il envoya quelqu'un pour le prendre ou qu'il le vint chercher lui-même
Interrogé si pendant le séjour qu'il fit à Uzès ou aux environs il ne fut à une assemblée qui se tint à la bergerie du sr Bargeton entre Malaigue et Arpaillargues ou Durand prêcha ou lui qui répond portait toujours des pistolets
A dit qu'oui mais qu'il ne sait pas si c'était à la bergerie du sr Bargeton
manque une page
d'Uzès avec led Flottier qui portait un fusil qu'il avait acheté
A dit qu'il ne se souvient point d'avoir été avec Flottier portant un fusil
Interrogé si Clari ne luy bailla six cents livres pour porter à Chambon
A dit que Clary lui bailla trente pistoles pour bailler à Chambon et qu'il les lui délivra
Interrogé a quel dessein Clary envoya cet argent à Chambon
A dit que Clari lui donna ordre de dire à Chambon d'en donner à ceux qui en auront besoin et de garder le reste pour l'employer suivant les ordres qu'il lui donnerait
Interrogé si Clari ne lui envoya cet argent pour acheter des armes de la poudre et du plomb
A dit qu'il n'en sait rien que cela pourrait pourtant être vrai et que par ses lettres il lui marquait ce à quoi il voulait qu'il destina son argent
Interrogé si Chambon n'avait fait achats de fusils de poudre et de plomb et en quel endroit il les avait acheté
A dit qu'il n'en sait rien et que si quelqu'un le savait c'était le nommé Brunel
Interrogé si pendant qu'il a demeuré chez Chambon il n'y a vu des armes
A dit qu'il n'y a vu qu'un vieux fusil
Interrogé si Chambon ne lui fit confidence ou il avait caché les fusils la poudre et le plomb
A dit que non que c'est Saussines qui sait tout cela parce qu'il écrivait toutes les lettres qu'il sait bien que Clary en avait mais qu'il ne sait pas où il les avait mis
Exhorté de dire la vérité a dit l'avoir dite lecture faite a persisté et n'a su signer

Le 8 juin 1711, Jean-Pierre Buis est pendu à Montpellier, après avoir subi la question.

Les camisards en Suisse

Lettre du résident français à Genève, monsieur de La Closure, à l'intendant Basville,
sur les intentions des camisards réfugiés en Suisse.

Document inédit communiqué par Greg Monahan, universitaire et chercheur américain, membre de notre comité de rédaction.

Source: Archives des Affaires Étrangères, Correspondance Politique, République de Genève 25, fols. 112-113

26 novembre 1704

"Les differents avis que j'ay, Monsieur, touchant Cattinat me mettent dans l'incertitude de ce qu'il est veritablement devenu. Il a esté quelques jours dans une Maison hors de la ville chez un jardinier nommé Billard, qui est des Sevennes. Ils estoient 3 ou 4 personnes ensemble. Ce jardinier estoit parti avec eux comme devant les suivre et il avoit dit adieu a ses amis sur ce pied là. Il est pourtant presentement de retour chez luy, et si ce qu'on me raporte est veritable il doit avoir dit qu'il n'a esté que jusques dans le Pays de Vaud, et que n'ayant pas pû passer il estoit revenu, sans parler des autres. Sur ce pied là il se pourroit faire, Monsieur, qu'il les auroit seulement accompagnez jusques là, et que Cattinat et ceux qui sont avec luy auroient continué leur chemin par la franchecomté. Peu estre aussi sont ils touts revenus, et dans ce cas là je ne doute point qu'ils ne se tiennent cachez quelque part. Je say qu'ils craignent fort de tomber dans quelque embuscade. D'ailleurs fontane, qui avoit paru devoir partir avec Cattinat, est surement a Lausane, aussi bien qu'un officier alleman, qui les estoit venu joindre icy. Le petit Predicant, qui est de la meme troupe s'apelle François. On m'avoit raporté que Cavalier estoit revenu de Piemont, et les avoit joints pour repasser dans les Sevennes avec eux: Mais il n'y a nulle aparence a cela.
Quelque route qu'ils prennent on est averti partout. J'ay beaucoup de penchant a croire qu'ils prendront celle de franchecomté pour tomber dans la Bresse et dans le Pays de forez, de la dans l'auvergne et dans le Rouergue, d'ou il leur sera aisé de gagner les Sevennes. Je ne doute pas, Monsieur, que vous ne donniez bons ordres partout. La chimere de ces gens là est que M. le Marquis de Miremont viendra avec un corps de 8000 hommes tout francois pour porter la guerre dans le Daufiné par les vallées et de là dans les Sevennes, et que cela causera une revolution general dans toutes ces Provinces là ou il y a beaucoup de nouveaux convertis; que Cavalier se joindra a luy avec son regiment. Je crois assez que c'est là le projet. Mais M. le Marquis de Miremont n'est pas encore en Piemont, ny les 10 mille hommes [not a misprint--8 cited above 10 here]qu'il y doit conduire. Il ne faut pas douter qu'on n'écrire dans ce sens là a Ravanel et aux autres chefs des Sevennes qui ne se sont pas encore soumis et qu'on n'entretienne meme dans ces esperances là les peuples des Sevennes. Ils ont differentes adresses pour faire passer leurs lettres en ce pays là. En voicy une, dont on m'a assuré qu'ils se servoient, a M. Parouillan voiturier demeurant a Nismes. Il vous sera aisé, Monsieur, de savoir si veritablement il y a à Nismes un voiturier de ce nom là, et de faire retirer toutes les lettres que se trouveront a la poste a son adresse. Je croirois bien aussi qu'on peut se servir de celle du nommé Billard jardinier a pleinpalais pour les lettres qu'on ecrit de ce pays là a Cattinat et a d'autres. Voila, Monsieur, tout ce que j'ay pû decouvrir jusqu'a cette heure, qui meme est fort equivoque. On m'a ecrit de plus de Lausane qu'il en estoit parti 130 hommes, Camisars, et autres avec quelques officiers par petites bandes: Mais qu'on ne savoit pas bien encore s'il alloient dans le Wurtemberg ou s'ils iroient par le Mont St. Godard en passant par les Grisons pour gagner l'Italie et de là le Piemont, et que ce qu'il y avoit encore de ces gens là à Lausane et dans d'autres petites villes le long du Lac, qui les devoient suivre, avoient receu un contr'ordre; Qu'on ne savoit a quoy atribuer ce changement, qui pouvoit pourtant bien avoir quelque raport à un bruit sourd qui couroit a Lausane qu'on avoit dessein de jetter du monde dans Montmelian; Ce qu'il y a de bien veritable a tout cela c'est que la pluspart de ces gens là sont fort embarrassé presentement qu'il n'y a plus de communication avec le Piemont, et qu'on se lasse de leur fournir leur subsistance. Il paroit ça esté de l'argent de M. le Duc de Savoye jusqu'à cette heure."