Bilan du Tricentenaire de la guerre des camisards

juillet 1702 - juillet 2002

Lundi 22 juillet, ouverture des manifestations du Tricentenaire au Plan de Fontmort

Au terme des diverses manifestations organisées en juillet 2002 à l’occasion du Tricentenaire de la guerre des camisards, un bilan très positif peut être tiré. Les Camisards sont " toujours vivants ", comme l’écrivait l’historien Philippe Joutard au terme de sa thèse sur la Légende des Camisards (1977), publiée il y a exactement un quart de siècle. De cette vitalité et de ce succès, trois éléments peuvent témoigner.
C’est d’abord le succès public qui n’a cessé de marquer les diverses manifestations : rencontres de l’association Abraham Mazel, au début du mois ; coup d’envoi de la " semaine camisarde " dans les hautes Cévennes lozériennes, le 22 juillet au Plan de Fontmort, haut-lieu camisard ; randonnées convergeant aux Trois Fayards (Tres Faus), près du sommet du Bougès, le 24 juillet, sur le lieu même où se sont réunis les premiers rebelles : une centaine de personnes y ont écouté, à 1400 mètres d’altitude, et sous le vent, les interventions de Henri Mouysset, Patrick Cabanel et Philippe Joutard ; colloque historique international du Pont-de-Montvert, les 25 et 26 juillet, dont les travaux ont été suivis par environ 300 personnes chaque jour, beaucoup d’entre elles ayant été contraintes de trouver place dans une seconde salle, sonorisée ; célébration œcuménique dans le temple du Pont-de-Montvert, le 27 juillet, avec le pasteur de Mende et le vicaire général du diocèse, devant une assemblée très fournie, composée pour moitié de catholiques et pour l’autre de protestants ; culte au Désert et après-midi historique à la Cam de l’Hospitalet, le dimanche 28 juillet. Les conférences données ici et là par Henry Mouysset, Pierre Rolland, Philippe Joutard ou Patrick Cabanel ont fait salle comble. Le public a multiplié les interventions et les questions, notamment au Pont-de-Montvert et à L’Hospitalet, montrant combien le sujet le passionnait.
La presse a largement couvert l’événement : citons FR 3 Languedoc-Roussillon, France Bleue Gard-Lozère, Radio-Interval, le Midi Libre (éditions d’Alès et de Mende), La Lozère nouvelle, la Semaine de Nîmes, la Gazette de Montpellier, Évangile et Liberté. La presse nationale elle, a été absente : une commémoration nationale dans un coin de montagne aussi perdu que le Pont-de-Montvert, et non à Paris, entraînait ce risque. Le préfet de la Lozère, le président du conseil régional du Languedoc-Roussillon et sénateur de la Lozère, le président du Conseil général de la Lozère, le président du conseil d’administration et le directeur du Parc National des Cévennes ont honoré de leur présence l’inauguration de l’exposition " Guerre civile en Cévennes. Tricentenaire de la guerre des camisards ", à l’Écomusée du Mont-Lozère (Pont-de-Montvert), le 25 juillet.
Deuxième aspect positif, l’atmosphère générale des travaux et des cérémonies. Alors que naguère encore les mémoires étaient divisées entre catholiques et protestants lozériens ou gardois, elles ont été réunies, notamment au Pont-de-Montvert : outre la célébration œcuménique rappelée ci-dessus, on a pu écouter lors du colloque des historiens protestants et catholiques (mais aussi des agnostiques sans rattachement confessionnel), et des communications portant sur les catholiques et les prêtres aussi bien que sur les camisards et les prophètes. Philippe Joutard a tenu à souligner que les deux éditeurs du livre qui va rassembler les travaux du colloque sont un catholique qui s’est intéressé aux camisards (lui-même) et un protestant qui s’est intéressé à l’histoire des prêtres (P. Cabanel). Il y a là, entre tant d’autres, un symbole de ce que l’histoire des divisions et des haines du passé peut être faite, aujourd’hui, autour d’une même table, comme le diraient des négociateurs d’accords ou de traités : les identités de chacun ne sont pas pour autant niées ou écrasées, il s’agit au contraire de comprendre dans quelle logique et quelles références l’autre a pu se mouvoir. Le respect et l’apaisement surgissent de ce type de compréhension, respectueuse des mémoires et soucieuse d’histoire.
Dernier aspect positif de cette première phase de la commémoration, la nouvelle vague éditoriale qui va récompenser les amateurs de cette histoire. Henry Mouysset a déjà fait paraître son " calendrier " des premiers jours de la révolte (Les premiers camisards. Juillet 1702, Montpellier, Les Presses du Languedoc), tandis que Pierre Rolland réinscrit la guerre dans l’histoire longue du protestantisme en hautes Cévennes (Chronique des luttes religieuses en hautes Cévennes 1550-1740. Lamelouze et Saint-Martin de Boubaux Montpellier, Les Presses du Languedoc). Le 1er septembre, à l’occasion de l’assemblée annuelle du Musée du Désert, on pourra trouver sur le stand du même éditeur les actes du colloque du Pont-de-Montvert (Les Camisards et leur mémoire, 1702-2002) et les rééditions de deux grands classiques, l’Histoire des troubles des Cévennes ou de la guerre des camisards, d’Antoine Court, un précis irremplaçable par la diversité de ses sources et la qualité de leur analyse (l’édition est due à cinq historiens spécialistes de Court et des camisards), et l’Histoire des pasteurs du Désert, de Napoléon Peyrat, le grand livre romantique dont Michelet aurait pu signer bien des pages. L’été 2002 aura tenu toutes ses promesses commémoratives.

Intervenants au colloque du Tricentenaire à l'Ecomusée du Pont-de-Montvert

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