Abraham sacrifiant

Au Théâtre du Nord-Ouest à Paris,

"Abraham sacrifiant" de Théodore de Bèze

Première tragédie écrite en français en 1550

Mise en scène : Nathalie Hamel
Assistante : Anne dos Santos
Costumes : Nathalie Hamel
Lumières : Nathalie Hamel et Stéphane Baty

Dates

Mars 2004 : Petite Salle

  • Jeudi 4 - 19h00
  • Samedi 6- 14h30
  • Mardi 9 - 20h45
  • Dimanche 14 - 20h45
  • Samedi 20 - 17h00
  • Dimanche 21 - 12h30

Avril 2004 : Petite Salle

  • Vendredi 2 - 20h45
  • Samedi 3 - 17h00
  • Jeudi 8 - 20H45
  • Lundi 19 - 20H45
  • Mercredi 21 20H45
  • Lundi 26 20H45

Mai 2004 : Petite Salle

  • Samedi 1er 19H00
  • Dimanche 2 - 14H30
  • Mercredi 5 - 19H00
  • Samedi 8 - 12H30
  • Dimanche 9 - 14H30
  • Samedi 15 - 12H30

Juin 2004 : Petite Salle

  • Jeudi 3 - 19H00
  • Samedi 5- 12H30
  • Mercredi 9 - 14H30

Théâtre du Nord-Ouest - 13, rue du Faubourg Montmartre
Paris IXè
Métros : Grand Boulevards ou Cadet
Tarif : 20 euro TR : 13 euro
Réservations : 01 47 70 32 75

Distribution

Théodore de Bèze / Abraham : Yves Berthiau
Jeanne d'Albret / Sara : Nathalie Hamel
Henri de Bourbon / Isaac : Jean-Christophe Leborgne
Cardinal Charles de Bourbon / Satan : Jean-Jacques Cordival
Louis de Bourbon, Prince de Condé / l'Ange, un Berger : Bernard Sender
Serviteur / un Berger : Jean-Dominique Hame

Musiques

Loys Bourgeois (Psaume 107), Nathalie Hamel ( Cantique de Sara), Henry VIII Tudor ( Cantique du Berger)

THEODORE DE BEZE (1519-1605)

Issu d'une famille noble, Théodore de Bèze fit ses études à Orléans et à Bourges, menant joyeuse vie et écrivant même des poèmes libertins qu'il reniera ultérieurement. Initié aux idées de la Réforme par l'humaniste allemand Melchior Wolmar, il se convertit en 1548, après une grave maladie. Il s'enfuit à Genève l'année suivante et est condamné à mort en France. Calvin lui trouve un poste de professeur de grec à Lausanne et en 1550 il écrit "Abraham sacrifiant", créé la même année par des élèves du collège, à l'occasion de la fête de fin d'année scolaire.
En 1558, Théodore de Bèze se fixe à Genève, où il devient l'adjoint de Calvin, puis, en 1564, son successeur à la tête de l'Eglise Réformée. Il voyage beaucoup, prêchant la Réforme dans toute la France, participant activement aux guerres de religion. Il termina la traduction en vers français des Psaumes, commencée par Clément Marot, et écrivit de nombreux pamphlets dirigés contre l'église catholique.

ABRAHAM SACRIFIANT ET LE THEATRE FRANCAIS EN 1550

Lorsque Théodore de Bèze écrivait son "Abraham sacrifiant", le théâtre français était à un tournant important de son histoire. Depuis le Moyen-age étaient représentés des Mystères, des Passions ou des Miracles, donnés devant les églises, que complétait un répertoire de farces, plus ou moins grossières. Les mystères étaient extrêmement longs, certains, comprenant plus de 30000 vers, occupaient parfois plus d'une vingtaine de soirées. Un édit royal les interdit en 1549.
Fin lettré, professeur de grec, Théodore de Bèze disposait cependant d'un autre modèle : la tragédie des anciens grecs. Une traduction en vers français de l' "Electre" de Sophocle avait été représentée en 1539, et, quelques années plus tard "La jeune fille d'Andros" de Terence avait été également donnée en traduction française.
On ne s'étonnera pas si "Abraham sacrifiant", la première tragédie française, a été conçue, dans sa structure, mais aussi dans sa durée (1100 à 1300 vers), à l'imitation des tragédies grecques. Par la suite les tragédies qu'on représentera en France jusqu'au début du XVIIème siècle s'allongeront progressivement (les Juives de Garnier comptent plus de 2600 vers), mais conserveront la structure d'alternance des scènes dramatiques et des scènes de chœur, qui sera abolie par Rotrou et Corneille au profit de la tragédie classique.
Pour la première tragédie française, Théodore de Bèze choisit naturellement un sujet dans l'ancien Testament. Mais "Abraham sacrifiant" n'est pas seulement une création esthétique, imitée des anciens, c'est, dans des termes souvent couverts, une œuvre de propagande calviniste, qui sera publiée à plusieurs reprises durant la 2ème partie du XVIème siècle, pour pouvoir circuler sous le manteau en France, où elle était naturellement interdite. L'obeissance aveugle d'Abraham aux commandements de Dieu, le personnage de Satan, personnifié par un ecclésiastique catholique sont les éléments les plus visibles de cette fonction de propagande.
"Abraham sacrifiant" n'a guère été représenté au théâtre, sauf sans doute à Genève. Par contre des représentations ont été régulièrement données dans les temples protestants depuis le XVIème siècle jusqu'à nos jours.

LA REALISATION

"Abraham sacrifiant" est écrit dans un français le plus souvent intelligible, mais avec des constructions un peu anciennes. Cependant l'archaïsme de certains mots, soit que leur sens ait évolué, soit qu'ils ne soient plus usités, a imposé de couper certains passages, en particulier des récits se référant aux aventures précédentes d'Abraham. Le public de 1550 à Lausanne connaissait la Bible pratiquement par cœur, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. D'autres vers ont été modernisés pour en éclairer le sens, et certains mots seront donnés avec leur sonorité d'aujourd'hui.
Par ailleurs la musique des passages chantés à l'origine a été perdue et ces cantiques correspondent souvent aux récits difficiles à comprendre. Il fallait cependant respecter l'alternance des scènes dramatiques et des passages chantés, plus poétiques au niveau du texte. Les cantiques seront donc soit remplacés par des psaumes réformés dans leur version musicale de l'époque, soit conservés avec une musique imitée de celles des autres cantiques.
Le spectacle se présente comme une lecture théâtrale d' "Abraham sacrifiant" à la cour de Jeanne d'Albret (qui incarne le personnage de Sarah) en 1568 . Le choix de la cour de Jeanne d'Albret n'est pas un hasard, car parmi toutes les figures marquantes du protestantisme au XVIème siècle, la mère du futur Henri IV est une des plus marquantes : fille de la Marguerite des Marguerite (sœur du roi François 1er), ouverte aux idées de la Réforme, Jeanne d'Albret fut convertie en 1560 à la religion calviniste par Théodore de Bèze. A partir de 1563, elle imposera sa nouvelle religion dans tous ses états, allant même jusqu'à prêcher elle-même. Catherine de Médicis la craignait tant que, dit-on elle la fit empoisonner quelques jours avant la Saint Barthélémy. Théodore de Bèze est Abraham, le futur Henri IV est Isaac, le prince Louis 1er de Condé, son oncle (frère d'Antoine de Bourbon décédé en 1568) est un berger, et le seul catholique de l'assistance, le cardinal de Bourbon -autre frère d'Antoine de Bourbon et oncle du futur Henri IV- se voit naturellement attribuer le rôle de Satan.

L'action se situant à la cour de la Reine Jeanne d'Albret et s'agissant d'une lecture théâtrale, les costumes sont de style renaissance y compris pour l'action biblique. Ce choix s'explique par le fait que j'ai voulu situé l'action à l'époque des guerres de religions et ce, en raison de la forte influence protestante qui a marqué l'ouvrage. Pour moi, il était en effet impossible de dissocier "Abraham sacrifiant" du climat religieux et politique de 1568, climat si dégradé entre catholiques et protestants qu'il conduira le 24 août 1572 aux massacres de la Saint Barthélémy où tant de protestants trouvèrent la mort.

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